Par , publié le 7 mars 2021

SPAC pour Special purpose acquisition company. Ou société d’acquisition à vocation spécifique. Derrière ces formulations un peu barbares se cache le phénomène du moment à Wall Street, qui attire des stars de la finance, des personnalités de la Silicon Valley et aussi des célébrités. Ces opérations permettent à des entreprises d’entrer en Bourse en quelques semaines et à des niveaux de valorisation souvent très élevés. Après avoir séduit de nombreuses start-up américaines – dont Virgin Galactic, la société spatiale du milliardaire Richard Branson, et Nikola, le constructeur de camions à hydrogène, depuis accusé de fraude -, les SPAC commencent à traverser l’Atlantique.

73 milliards levés – Les SPAC sont des coquilles vides, qui n’ont aucune activité. Elles s’introduisent en Bourse, collectant en moyenne 300 millions de dollars, sur la simple promesse de racheter une entreprise non cotée. Pour les start-up, ce mécanisme permet de se soustraire au long processus d’introduction en Bourse, tout en étant moins cher et en offrant généralement un prix d’introduction plus élevé. Nées il y a une trentaine d’années, ces sociétés sont revenues à la mode l’an passé. Et leur succès ne fait que s’accélérer. Depuis janvier, 228 SPAC sont entrées en Bourse, soit quasiment autant que sur l’ensemble de l’année 2020, selon les décomptes de SPAC Research. Elles ont levé 73 milliards de dollars.

Régulation en Europe – Ce succès n’est, bien entendu, pas passé inaperçu en Europe. Mais le nombre de SPAC reste encore extrêmement faible: seulement 4 véhicules ont été lancés depuis début 2020. Principal obstacle: un cadre réglementaire beaucoup plus contraignant qu’aux Etats-Unis. C’est le cas en particulier au Royaume-Uni, le pays du continent qui devrait être le mieux placé pour tirer profit de ce phénomène. À la place, le marché européen semble se structurer à Amsterdam. C’est ici qu’est entrée en Bourse la seule SPAC européenne de l’année. Et c’est aussi ici que va s’introduire la SPAC française créée autour de Bernard Arnault.

Les SPAC américaines visent l’Europe – Malgré de légers frémissements, la partie est loin d’être gagnée. “L’Europe ne dispose pas de marchés des capitaux qui comprennent et valorisent suffisamment l’innovation”, juge Xavier Rolet, l’ancien patron du London Stock Exchange, interrogé par le site Quartz. Comme pour les introductions en Bourse traditionnelles, les start-up européennes pourraient donc se tourner vers les marchés américains. C’est ce qu’a fait l’an passé le constructeur britannique de voitures électriques Arrival. D’autres sociétés ont déjà été approchées par des SPAC américaines, qui cherchent de nouveaux débouchés face à la saturation du marché et la concurrence aux États-Unis.

Pour aller plus loin:
– Dans la Silicon Valley, les introductions en Bourse sur le banc des accusés
– Pour les start-up européennes, une année record en trompe-l’œil


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