Par , publié le 8 mars 2021

Il y a tout juste un an, Deliveroo se disait tout proche de la faillite. Lundi, le spécialiste de la livraison de repas a officiellement lancé son processus d’introduction en Bourse à Londres. “Ce n’est que le début”, promet Will Shu, son fondateur. Cet ancien banquier d’affaires assure ainsi que l’entreprise va continuer d’investir dans sa croissance, sur un marché dopé par la crise sanitaire. Autrement dit, qu’elle ne va pas se soucier à court terme de sa rentabilité. L’an passé, malgré un bond de son activité, Deliveroo a encore accusé de lourdes pertes: 224 millions de livres (260 millions d’euros).

100.000 livreurs – Selon le Financial Times, Deliveroo vise une valorisation de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros). Pour séduire les investisseurs, la plateforme pourra mettre en avant l’amélioration de ses performances opérationnelles. En 2020, elle a été rentable sur une base ajustée au cours de deux trimestres. Autre argument: le bond des livraisons, qui ont grimpé de 64% l’an passé, à 4,1 milliards de livres. Le chiffre d’affaires, tiré des commissions versées par les restaurants et des frais de livraisons, a progressé de 54%. Présente dans douze pays, principalement en Europe, la société s’est lancée dans près de 200 villes supplémentaires en 2020. Elle compte désormais 115.000 restaurants dans son réseau. Et 100.000 livreurs.

Cuisines partagées – Si la crise sanitaire a accéléré la transition vers la livraison de repas, des doutes subsistent sur l’après-Covid. En particulier sur le niveau d’activité lorsque les restaurants pourront rouvrir leurs portes. Des craintes que balayent Will Shu. “La trajectoire de croissance va se poursuivre”, anticipe-t-il, estimant que les nouvelles habitudes de consommation perdureront. Deliveroo compte notamment sur le développement de son réseau de cuisines partagées – ou cuisines fantômes -, entièrement dédiées à la livraison de repas. Un concept popularisé aux Etats-Unis, qui commence à gagner du terrain en Europe. Et parie aussi sur la livraison de courses grâce à des partenariats. C’est le segment qui progresse le plus vite.

Statut des livreurs – Comme ses rivales, l’entreprise britannique est une grosse consommatrice de liquidités. Depuis sa création en 2013, elle a ainsi mené dix levées de fonds, récoltant 1,7 milliard de dollars. Sur un marché très concurrentiel, elle va devoir démontrer sa capacité à dégager des profits justifiant sa valorisation. En outre, son modèle économique pourrait être remis en cause par de nouvelles réglementations sur le statut de ses livreurs, aujourd’hui considérés comme des travailleurs indépendants rémunérés à la livraison. Dans plusieurs pays européens, les gouvernements ou la justice réclament qu’ils soient salariés et donc qu’ils bénéficient d’un salaire minimum et d’avantages sociaux. Ce qui ferait grimper les coûts.

Pour aller plus loin:
– Les start-up de livraison de courses profitent de l’effet coronavirus
– En Europe, la menace s’accentue sur l’Uber-économie


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