Par , publié le 10 mars 2021

Pendant la campagne et depuis son élection, Joe Biden s’est peu exprimé sur la régulation des géants de la tech. Mais le nouveau président américain s’apprête à leur adresser un sévère avertissement. Selon Politico et Bloomberg, il devrait en effet nommer Lina Khan à la Federal Trade Commission (FTC), le gendarme américain de la concurrence. Cette professeure de droit, connue pour avoir dénoncé le monopole d’Amazon, avait participé l’an passé à la vaste enquête du Congrès sur les Gafa. Vendredi, Joe Biden avait déjà recruté comme conseiller Tim Wu, l’inventeur du concept de “neutralité du net” qui a multiplié les critiques sur le pouvoir des entreprises de la Silicon Valley.

Changement radical – Ces deux arrivées au sein de l’administration américaine illustrent un changement radical à Washington. Pendant la présidence de Barack Obama, les grands groupes tech avaient bénéficié d’une attitude bienveillante. Et en particulier Google, dont les conseillers étaient régulièrement reçus à la Maison blanche. La donne a changé depuis deux ans, alors que le débat sur l’immense pouvoir de ces entreprises anime aussi bien les républicains que les démocrates. La position de Joe Biden doit encore être confirmée. Deux postes majeures restent en effet à attribuer: le directeur de la FTC et le patron de la division antitrust du département de la Justice (DOJ).

Multiples enquêtes – Au sein de la FTC, Lina Khan devra notamment superviser la procédure lancée l’an passé contre Facebook, accusé d’abus de position dominante. Le régulateur avait alors proposé de contraindre la société à se séparer d’Instagram et de WhatsApp. Et d’encadrer ses futures acquisitions. Lina Khan devra aussi se prononcer sur le lancement d’une procédure contre Amazon, alors qu’une enquête a été ouverte, notamment sur les relations avec les vendeurs tiers. Le DOJ s’est, lui, attaqué à Google. Et s’intéresse également à Apple, contre lequel la pression ne cesse de s’accroître.

Nouvelles règles du jeu – Au-delà de ces procédures, qui s’annoncent aussi longues qu’incertaines, la FTC et le DOJ ont le pouvoir de s’opposer aux acquisitions d’entreprises. Mais les détracteurs des Gafa en veulent plus et réclament de nouvelles règles du jeu – à l’image des projets de réglementation proposés par la Commission européenne. En octobre, le comité judiciaire de la Chambre des représentants avait proposé un large éventail de mesures pour lutter contre les pratiques monopolistiques et anticoncurrentielles de ces sociétés. Pour être adoptées, elles devront cependant rassembler les élus démocrates et républicains, ce qui est loin d’être gagné… mais pas impossible.

Pour aller plus loin:
– Amendes, démantèlement, exclusion: l’Europe menace les géants du numérique
– Comment des Etats américains tentent de faire plier Apple et Google


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