Par , publié le 24 mars 2021

À la recherche de liquidités, Telegram a bouclé mardi une opération peu commune pour une start-up qui ne génère toujours pas le moindre chiffre d’affaires: une émission obligataire massive, d’un montant supérieur à un milliard de dollars. Ce choix permet à Pavel Durov, le fondateur russe de la populaire messagerie cryptée, de ne pas céder une partie du capital à des fonds de capital-risque. Mais son pari est aussi risqué: il doit absolument enclencher la monétisation de Telegram pour pouvoir rembourser cette somme dans cinq ans. Dans le cas contraire, il pourrait être poussé à une introduction en Bourse, une éventualité qu’il rejette également.

Remboursement – Depuis le lancement en 2013, le développement de Telegram a principalement été financé par la fortune personnelle de Pavel Durov, tirée de la vente du réseau social russe VKontakte. Mais la société fait désormais face à une gigantesque échéance financière: fin avril, elle doit rembourser environ 700 millions de dollars aux investisseurs qui avaient acheté en avance sa future cryptomonnaie. Baptisée Gram, cette dernière n’avait jamais vu le jour après l’intervention de la Securities & Exchange Commission, le gendarme boursier américain. Dans le cadre d’un accord à l’amiable, Telegram s’était ensuite engagé à rendre 1,2 milliard de dollars.

550 millions d’utilisateurs – La société, aujourd’hui basée à Dubai, est également confrontée à une hausse de ses coûts de fonctionnement. Depuis le début de l’année, sa popularité a en effet grimpé en flèche. Telegram, qui ne collecte pas les données personnelles de ses utilisateurs, a bénéficié des déboires de WhatsApp, rattrapé en janvier par une polémique sur le partage des données avec Facebook, sa maison mère. En trois jours, l’application avait alors attiré 25 millions de nouveaux adeptes. Elle a aussi profité de la fermeture de Parler, un réseau social d’extrême droite, après l’assaut contre le Capitole américain. Telegram revendique plus de 550 millions d’utilisateurs actifs.

Publicités non ciblées – Pour monétiser ce succès, Telegram prévoit d’abord d’ajouter des annonces publicitaires sur les chaînes publiques les plus populaires. Les conversations personnelles ne seront pas concernées. La société promet que les utilisateurs pourront choisir de ne pas voir ces publicités. Et surtout que ces dernières ne seront pas ciblées avec des données personnelles. Monétiser une messagerie avec de la publicité est cependant compliqué, même pour Facebook. Ce le sera encore plus pour Telegram, qui pourrait en outre souffrir de sa politique de modération laxiste. L’application étudie aussi des abonnements payants à des chaînes sur lesquelles elle prélèvera des commissions. En attendant, le chrono tourne déjà.

 

Pour aller plus loin:
– Face aux inquiétudes sur la vie privée, WhatsApp peine à rassurer ses utilisateurs
– Facebook veut accélérer la monétisation de WhatsApp


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