Par , publié le 25 mars 2021

C’est une rencontre qui n’est certainement pas aussi anodine que le prétend Pony Ma. Mercredi, le fondateur et patron de Tencent a confirmé qu’il avait bien été reçu début mars par le gendarme chinois de la concurrence (SAMR). Une rencontre “volontaire”, pas une convocation, assure la société chinoise, propriétaire notamment de WeChat. Mais celle-ci est intervenue alors que Pékin souhaite limiter la puissance des géants du numérique. Après Alibaba, Tencent serait d’ailleurs la prochaine cible des autorités, indiquent des sources citées par Bloomberg.

Groupes tentaculaires – Ces deux entreprises ont longtemps bénéficié de l’attitude laxiste, voire bienveillante, du régime chinois, qui souhaitait voir émerger des champions nationaux. Le respect de la concurrence n’a ainsi jamais été une priorité. Rarement inquiétés malgré des pratiques agressives et protégés de la concurrence des géants américains, Tencent et Alibaba sont devenus de véritables mastodontes qui ne cessent de gagner de nouveaux pans de l’économie. Deux groupes tentaculaires qui multiplient les activités et les prises de participation.

Écosystème fermé – La puissance de Tencent repose sur deux piliers principaux. D’abord, les jeux vidéo, notamment par l’intermédiaire de nombreuses participations dans des studios occidentaux. Ensuite, WeChat, sa “super app” utilisée par plus de 1,2 milliard de Chinois pour discuter avec leurs amis, régler leurs achats ou encore commander un taxi. Selon l’agence Reuters, cette dernière fait l’objet d’une enquête préliminaire de la SAMR, qui cherche à déterminer si ses pratiques ne sont pas anticoncurrentielles. Par exemple, en favorisant les services maison ou ceux dans lesquels Tencent a investi. Plus généralement, c’est le principe même d’écosystème fermé qui pourrait être remis en cause.

Monopole sur le paiement – La position dominante de WeChat Pay est également menacée par les autorités. Avec Alipay d’Alibaba, ce service s’octroie quasiment l’intégralité des paiements mobiles dans le pays. En début d’année, le régulateur bancaire a présenté un nouveau cadre réglementaire qui, une fois adopté, qualifierait les deux plateformes de monopoles, ouvrant la voie à de potentielles sanctions. Au-delà, Tencent sera certainement contraint d’enregistrer sa filiale de services financiers comme une banque. Cela se traduira notamment par de nouvelles exigences de fonds propres, qui limiteront la rentabilité et la croissance.

Pour aller plus loin:
– En Chine aussi, les autorités veulent sévir contre les géants du numérique
– Trois mois après, Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, refait surface


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