Par , publié le 19 avril 2021

C’est un premier obstacle qui se dresse devant le rachat d’Arm Holdings par Nvidia. Lundi, le gouvernement britannique a officiellement lancé une enquête sur cette opération à 40 milliards de dollars (33,4 milliards d’euros), un montant record sur le secteur des semi-conducteurs. Londres justifie sa démarche par des “questions sur la sécurité nationale”, redoutant de voir passer l’un de ses fleurons technologiques sous pavillon américain. Les autorités étudieront également l’impact sur le paysage concurrentiel, alors que les grands rivaux de Nvidia utilisent l’architecture de puces développée par Arm.

Architecture dominante – La société britannique, pour le moment détenue par le groupe japonais Softbank, est spécialisée dans les systèmes sur puce (SoC), des circuits intégrés qui rassemblent différents éléments (processeur central, processeur graphique, puce Wifi…). Elle ne fabrique rien: elle vend des licences sur ses technologies. Apple, Qualcomm, Samsung ou encore Huawei se reposent sur son architecture. En quelques années, celle-ci est devenue archi-dominante sur le marché des smartphones et des tablettes, en particulier grâce à sa faible consommation d’énergie. Elle devrait également jouer un rôle crucial dans l’essor attendu de la 5G et de l’Internet des objets.

Position de force – Avec Arm, Nvidia mettrait la main sur des brevets et des compétences technologiques, qui lui ouvriraient de nouveaux horizons, en particulier sur le marché des smartphones et des data centers. Ce rachat inquiète ses concurrents: ils redoutent que le spécialiste des processeurs graphiques ne se retrouve en position de force. Il est ainsi très probable que les autorités antitrust, américaines et européennes, imposent des conditions très strictes pour s’assurer qu’Arm continuera d’offrir, à un prix “raisonnable”, les mêmes technologies aux autres fabricants de puces. Au Royaume-Uni, le gouvernement pourrait aussi réclamer des assurances pour garantir l’emploi.

Doutes en Chine – Le gendarme britannique de la concurrence (CMA) doit rendre un rapport préliminaire fin juillet. Il pourra alors décider d’approuver le rachat, éventuellement sous conditions, ou d’ouvrir une enquête approfondie. Reste qu’un feu vert de Londres pourrait ne pas suffire. L’opération doit en effet être validée par les autorités chinoises, dans un contexte de conflit commercial et de course technologique entre Washington et Pékin. Les journaux proches du pouvoir ont déjà souligné la menace que pourrait représenter le rachat d’Arm, qui tomberait ainsi sous la juridiction américaine. Cela signifie que les Etats-Unis pourraient lui interdire de fournir son architecture à n’importe quelle entreprise chinoise.

Pour aller plus loin:
– La Chine menace le rachat d’Arm par Nvidia
– Comment Intel veut redevenir le roi des puces


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