Par , publié le 2 juin 2021

C’est l’un des plus gros échecs de l’histoire de la Silicon Valley. Après avoir levé plus de deux milliards de dollars (1,6 milliard d’euros) en six ans, Katerra va fermer ses portes, rapportent The Information et l’agence Bloomberg. La société, soutenue par le groupe japonais Softbank, promettait de révolutionner le secteur de la construction immobilière, se disant capable de mener à bien des projets en seulement quelques mois. Mais elle a été rattrapée par ses ambitions démesurées et par une gestion financière désastreuse. L’épidémie de coronavirus n’a fait qu’accélérer sa chute.

Aucun intermédiaire – Lancée en 2015, Katerra veut alors bâtir une “plateforme” de la construction, pouvant produire des logements à la chaîne. Au lieu de partir d’une feuille blanche, l’idée est de proposer aux promoteurs immobiliers des projets standardisés, leur demandant simplement de choisir la taille ou la décoration des appartements. L’entreprise doit ensuite s’occuper de tout, de l’architecture à la construction, en passant par l’aménagement intérieur. Elle souhaite tout produire dans ses usines: les murs, les fenêtres, les meubles, les lampes… En se passant d’intermédiaires, elle assure pouvoir réduire les délais et les coûts.

Recettes de la Silicon Valley – Katerra ne se présente jamais comme une société immobilière. Mais comme une société technologique qui souhaite transposer certaines recettes de la Silicon Valley sur un marché gigantesque, qui a encore peu évolué. Ses promesses séduisent notamment Masayoshi Son, le patron de Softbank. En 2018, son fonds d’investissement Vision Fund participe à une levée de fonds gigantesque de 865 millions de dollars. Michael Marks, le fondateur et patron de Katerra, multiplie alors les annonces. Il assure que le carnet de commandes déborde, fait miroiter un énorme contrat avec le gouvernement saoudien et promet d’être rentable dès 2020.

Comptes “déguisés” – Pour atteindre ses objectifs, Katerra mène de nombreuses acquisitions et embauche massivement, comptant jusqu’à 8.500 salariés. En coulisses pourtant, son modèle peine à émerger. Les délais de construction et les surcoûts s’accumulent. Et ses objectifs deviennent rapidement inatteignables. Pour masquer ses difficultés, la société présente à ses investisseurs des chiffres “déguisés”. En 2019, Michael Marks est mis sur la touche. Un nouveau patron est nommé pour assainir les finances. Mais il est déjà trop tard. Par deux fois l’an passé, Katerra est sauvée de la faillite par Softbank, qui réinjecte 400 millions de dollars. Le groupe japonais préfère désormais arrêter les frais.

Pour aller plus loin:
– L’éclatante revanche de Softbank
– Après un premier fiasco, WeWork entre en Bourse par la petite porte


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