Par , publié le 6 septembre 2021

Pour préserver au maximum les lucratives commissions de son App Store, Apple n’en finit plus de faire des concessions. La dernière en date, annoncée la semaine dernière, est certainement la plus importante jamais consentie par le groupe à la pomme. Elle va permettre à Netflix, Spotify et autres “applications de lecture” de rediriger leurs utilisateurs vers leurs sites Internet. Et ainsi de ne plus verser de commissions sur les abonnements. Cet aménagement, négocié avec le gendarme japonais de la concurrence, symbolise la stratégie de la société: céder un peu de terrain pour apaiser les régulateurs et pour tenter de sauver l’essentiel.

Procédures antitrust – Ces derniers mois, l’étau ne cesse en effet de se resserrer autour des boutiques d’applications: l’App Store d’Apple et le Play Store de Google. Les créateurs d’iOS et d’Android contrôlent à eux deux l’écosystème mobile. Ils peuvent donc imposer leurs règles aux développeurs d’applications, qui n’ont pas d’autre choix que de les accepter. Si les critiques ne sont pas nouvelles, leur caisse de résonance s’est fortement amplifiée, alors que la puissance des géants du numérique inquiète les gouvernements et les régulateurs. Plusieurs enquêtes ont ainsi été lancées par les autorités de la concurrence aux Etats-Unis, en Europe ou encore en Australie.

L’exemple coréen – Fin août, la menace est encore montée d’un cran: la Corée du Sud est devenue le premier pays au monde à interdire l’exclusivité des paiements sur l’App Store et le Play Store. Concrètement, tous les développeurs d’applications pourront bientôt proposer leur propre système de paiement, leur évitant de reverser entre 15% et 30%. Les opposants aux deux géants américains espèrent que cette loi servira d’exemple à d’autres pays. Notamment aux Etats-Unis, où un projet de loi similaire a été déposé en août. Jusqu’à présent, toutes les initiatives parlementaires y ont échoué, en particulier à cause des intenses campagnes de lobbying menées par Apple et Google.

Jeux vidéo – Les deux rivaux, alliés de circonstance, ont cependant bien compris que le statu quo n’était plus envisageable. D’autant que leurs arguments, reposant principalement sur la sécurité des utilisateurs, peinent à convaincre. Le plus important est désormais de limiter la portée des changements. C’est pour cela qu’ils multiplient les modifications, le plus souvent mineures mais qui, ajoutées les unes aux autres, donnent l’impression de véritables améliorations pour les développeurs. Apple et Google tentent surtout de préserver les commissions sur les jeux vidéo, qui représentent l’essentiel de leurs recettes, et l’exclusivité de la distribution d’applications sur iOS et Android. En jeu: 15 milliards de profits pour Apple et 8 milliards pour Google.

Pour aller plus loin:
– Tim Cook mis en difficulté dans le procès entre Apple et Epic
– Comment des Etats américains tentent de faire plier Apple et Google


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