Par , publié le 12 septembre 2021

Apple a évité le pire mais ne sort pas indemne du procès qui l’opposait à Epic Games, l’éditeur du populaire jeu vidéo Fortnite. Vendredi, la juge Yvonne Gonzalez Rogers lui a en effet ordonné de modifier les règles de son App Store, afin d’autoriser les développeurs d’applications à ne pas utiliser son système de paiement. Et donc à ne plus payer des commissions de 15% ou 30%. Le groupe à la pomme dispose désormais de trente jours pour se mettre en conformité. À moins qu’un potentiel appel ne s’accompagne de la suspension temporaire de cette injonction. Dans tous les cas, le jugement de la justice américaine accentue les menaces qui pèsent sur le lucratif modèle économique de la boutique.

4,7 milliards en jeu – Concrètement, Apple devra laisser les développeurs mettre des “boutons” et “liens externes” vers un site internet pour acheter un objet dans un jeu vidéo ou pour s’abonner à un service. Cette alternative présente cependant un inconvénient de taille, en particulier dans le premier cas de figure: elle rend les transactions plus fastidieuses pour les acheteurs et plus complexes pour les développeurs. L’impact sur les recettes d’Apple est donc difficile à déterminer. Il dépendra de la volonté des utilisateurs et des développeurs à adopter ce nouveau système. L’an passé, l’App Store a généré 6,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires aux Etats-Unis. Avec des marges de 75%, ce sont ainsi jusqu’à 4,7 milliards de profits qui pourraient s’envoler.

L’essentiel est préservé – Epic avait attaqué Apple en justice en août 2020, après avoir volontairement provoqué le retrait de Fortnite de l’App Store en y introduisant un autre système de paiement, ce qui est interdit. La société demandait notamment à la justice de condamner le concepteur de l’iPhone pour pratiques anticoncurrentielles et d’ordonner la réintégration de son jeu. Sur ces deux points, elle n’a pas obtenu gain de cause. Apple préserve ainsi l’essentiel. La juge aurait, par exemple, pu l’obliger à abaisser ses commissions ou à ouvrir son système iOS à d’autres boutiques d’applications. Ou encore à autoriser les systèmes de paiement alternatifs directement dans les applications. Tout cela aurait eu des répercussions beaucoup plus importantes sur les profits d’Apple.

Lois et enquêtes – Mais ce n’est peut-être que partie remise. D’abord, parce qu’Epic a fait appel. Ensuite, parce que la juge a estimé que le groupe à la pomme était “proche d’une situation de monopole” sur le marché des jeux vidéo mobiles, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles plaintes. Enfin, parce que les gouvernements et les régulateurs se sont emparés du dossier. Fin août, la Corée du Sud est devenue le premier pays au monde à interdire l’exclusivité des paiements sur les boutiques d’applications. Une proposition de loi similaire a été déposée aux Etats-Unis. Et des enquêtes ont été lancées par les autorités antitrust européennes, britanniques et australiennes. Conscient que le statu quo n’est plus envisageable, Apple multiplie les concessions, espérant conserver le plus important – les commissions sur les jeux vidéo. Pas certain cependant que cela suffise.

Pour aller plus loin:
– L’étau se resserre autour des boutiques d’applications
– Tim Cook mis en difficulté dans le procès entre Apple et Epic


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