Par , publié le 13 septembre 2021

C’est peut-être le changement le plus symbolique de la reprise en main de Pékin sur le secteur technologique. Lundi, suite à une réunion au ministère de l’industrie et des technologies de l’information, Tencent et Alibaba se sont engagés à ouvrir les portes de leurs écosystèmes, jusqu’à présent fermés à la concurrence. Une concession impensable il y a encore un an, lorsque les deux mastodontes chinois n’hésitaient pas à bloquer tous les liens vers des services externes. Depuis, la situation a bien changé: autrefois peu inquiétés, ils se retrouvent désormais dans le viseur des autorités.

Pas de passerelles – Ces nouvelles règles ne sont pas véritablement une surprise. Une enquête avait en effet été lancée en juillet par le ministère chinois, qui expliquait alors vouloir “restaurer l’ordre du marché”. Autrement dit, limiter la domination de Tencent et Alibaba. Ces dernières années, une grande partie du secteur technologique chinois s’est construite autour de la rivalité entre les deux géants. Soit directement, comme dans le paiement mobile. Soit indirectement à travers des investissements dans des start-up concurrentes. Chaque groupe a ainsi bâti un vaste écosystème, offrant peu ou pas de passerelles vers d’autres plateformes.

WeChat, principale victime – Si ces nouvelles règles s’appliqueront à tous les acteurs du secteur, elles toucheront principalement WeChat, l’application de messagerie de Tencent, devenue une “super app” plébiscitée par près d’un milliard de Chinois. Ses utilisateurs ne peuvent, par exemple, pas partager avec leurs amis des liens sur Taobao ou Tmall, les sites de commerce d’Alibaba. Ni même des liens vers Douyin, la version chinoise de TikTok. Alibaba, qui interdit à ses marchands de publier des liens vers leur compte WeChat, sera touché dans une moindre mesure, au moins dans un premier temps. ByteDance, la maison mère de Douyin, ne pourra plus bloquer les liens vers les e-marchands Taobao et JD sur son service de livestreaming.

Première étape – Les changements réclamés par le régime chinois ne concernent pour le moment que les liens. Mais ils ne constituent probablement qu’une première étape. Un nouveau cadre réglementaire pour mettre fin à un ensemble de pratiques jugées anticoncurrentielles doit d’ailleurs être présenté avant la fin de l’année. Alibaba pourrait, par exemple, être contraint de laisser ses clients régler leurs achats avec WeChat Pay et d’autres services, au lieu de n’autoriser uniquement les paiements avec Alipay, la plateforme détenue par sa filiale Ant Group. Tencent pourrait, de son côté, être contraint de laisser Alibaba développer des mini-apps sur WeChat. Et de ne plus accorder des traitements préférentiels aux start-up dans lesquelles il a investi.

Pour aller plus loin:
– Pékin inflige une amende historique à Alibaba
– Après Alibaba, Tencent se retrouve dans le collimateur de Pékin


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité