Par , publié le 11 avril 2021

Après les avertissements, la sanction. Samedi, le gendarme chinois de la concurrence (SAMR) a infligé une amende de 18,2 milliards de yuans (2,3 milliards d’euros) à Alibaba. Le géant du commerce en ligne est accusé d’abus de position dominante, en exigeant l’exclusivité à certains marchands présents sur ses plateformes Tmall et Taobao. Cette amende, qui représente 4% du chiffre d’affaires réalisé en Chine en 2019, est la plus importante jamais adressée par les autorités antitrust du pays. Elle symbolise le revirement de Pékin, longtemps très laxiste face aux méthodes des géants du numérique.

“Un sur deux” – Ouverte fin décembre, l’enquête de la SAMR portait sur la pratique dite du “choisir un sur deux”. Celle-ci consiste à demander aux marchands de ne pas être présents sur d’autres plateformes, en particulier sur Pinduoduo, le site d’achats groupés qui compte désormais plus d’utilisateurs qu’Alibaba. En cas de refus, leurs produits sont alors ignorés par les algorithmes et n’apparaissent plus dans les résultats de recherche. Ce qui se répercute sur leurs ventes. Selon les autorités, cette stratégie représente une entrave à la concurrence. Dans un communiqué, le groupe fondé par Jack Ma dit accepter la sanction et promet d’effectuer des ajustements.

IPO d’Ant Group – L’amende infligée à Alibaba s’inscrit dans une volonté de reprise en main du pouvoir face à un géant devenu beaucoup trop puissant. Tout semble être parti d’un discours prononcé en octobre par Jack Ma, dans lequel il avait attaqué le système bancaire chinois. Quelques semaines plus tard, la très attendue introduction en Bourse d’Ant Group, la filiale financière de la société, avait été suspendue à la dernière minute par les autorités boursières. Motif invoqué: de nouvelles règles sur les prêts accordés aux particuliers et aux petites entreprises. En décembre, Alibaba avait aussi été sanctionné d’une amende symbolique pour ne pas avoir déclaré certaines de ses acquisitions.

Tencent aussi menacé ? – Les ennuis ne sont peut-être pas terminés. Son système de paiement mobile Alipay est dans le collimateur des autorités. Tout comme ses participations dans les médias. La sanction de la SAMR représente également un avertissement pour les autres géants du numérique, à commencer par Tencent, considéré comme la prochaine cible de Pékin. Mais aussi pour Meituan, la plateforme de livraison de repas qui impose des clauses d’exclusivité. Ou encore pour Pinduoduo, habitué de la vente à perte. Au-delà, le régulateur doit présenter cette année un nouveau cadre réglementaire pour mettre fin à un ensemble de pratiques jugées anticoncurrentielles.

Pour aller plus loin:
– En Chine aussi, les autorités veulent sévir contre les géants du numérique
– Après Alibaba, Tencent se retrouve dans le collimateur de Pékin


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