Par , publié le 16 septembre 2021

La chute est spectaculaire. Ciblé par le régime chinois depuis son introduction en Bourse à New York, Didi Chuxing a connu un repli de 30% de son activité cet été, selon des chiffres du cabinet Aurora, cités par le Financial Times. De 15,6 millions en juin, le nombre de passagers transportés en moyenne par jour est ainsi tombé à 10,9 millions en août. Si le service de voitures avec chauffeur (VTC) demeure le leader incontesté du marché, il doit affronter une concurrence qui retrouve des ambitions. Et il reste menacé par des sanctions qui pourraient sévèrement affaiblir sa position dominante.

Données personnelles – Didi est doublement inquiété. Depuis juillet, toutes ses applications ont été retirées des boutiques mobiles. Et les nouvelles inscriptions ont été suspendues, le temps de mettre en place des “rectifications”. Officiellement, les autorités lui reprochent de ne pas respecter la législation sur les données personnelles. Dans les faits, cette sanction a été infligée une semaine après l’entrée en Bourse de Didi. Une opération qui ne plaisait pas à Pékin, mais que la société avait choisi de mener malgré tout. Ses applications n’ont toujours pas été réintégrées. Cela signifie par exemple qu’elle ne peut pas recruter de nouveaux chauffeurs. Ou que ses clients qui changent de smartphone ne peuvent plus effectuer de trajet.

Enquête antitrust – Si ces problèmes vont finir par se régler, la deuxième menace pourrait avoir des conséquences bien plus graves. Selon l’agence Reuters, le puissant gendarme chinois de la concurrence a en effet ouvert une enquête sur Didi. La plateforme est soupçonnée d’utiliser des pratiques anticoncurrentielles pour empêcher l’émergence de rivaux. Au-delà d’une importante amende, elle risque surtout de se voir imposer des changements, comme l’interdiction des clauses d’exclusivité qu’elle impose à ses chauffeurs. Cela permettrait aux autres acteurs du marché de recruter plus facilement. Et aux chauffeurs de faire jouer la concurrence entre les différentes plateformes pour maximiser leur rémunération.

Concurrence revigorée – Né de la fusion en 2015 des deux pionniers des VTC, Didi occupe une position hégémonique depuis le rachat l’année suivante des activités chinoises d’Uber. Avant l’été, sa part de marché avoisinait les 90%. Cette domination avait fini par décourager ses concurrents. Mais ses récentes difficultés ont ramené l’espoir, comme l’illustrent les multiples promotions pour les passagers et bonus pour les chauffeurs. Début septembre, Cao Cao a ainsi levé 3,8 milliards de yuans (499 millions d’euros) auprès de plusieurs organismes publics, afin d’étendre son activité. Meituan, le spécialiste de la livraison de repas, a relancé sa plateforme de VTC, deux ans après avoir jeté l’éponge.

Pour aller plus loin:
– Pékin investit dans Cao Cao pour lui permettre de rivaliser avec Didi
– Ciblé par Pékin, Didi disparaît des boutiques d’applications


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