Par , publié le 28 septembre 2021

L’enquête publiée dans le Wall Street Journal aura été l’élément de trop. Lundi, Instagram a annoncé qu’il suspendait son projet de version pour les moins de 13 ans, quelques jours après que le quotidien américain a révélé l’existence d’une étude interne montrant les effets néfastes du réseau social chez certains adolescents. La filiale de Facebook n’abandonne cependant pas définitivement son projet. Elle se donne simplement le temps de “travailler avec les parents, les experts, les décideurs politiques et les régulateurs”, assure Adam Mosseri, le patron d’Instagram. Et de réaffirmer que cette version pour enfants représente une meilleure solution que la situation actuelle.

Facile à contourner – Comme les autres réseaux sociaux, Instagram est théoriquement interdit aux moins de 13 ans. Cela s’explique par une loi votée en 1998 aux Etats-Unis, qui requiert l’autorisation des parents pour collecter des données et cibler publicitairement des enfants. Une obligation jugée trop compliquée à mettre en place par les sociétés du secteur, qui préfèrent ainsi limiter l’accès à leurs plateformes plutôt que de risquer des sanctions – en 2019, TikTok avait été condamné à une amende de près de 6 millions de dollars. Cependant, cette règle peut facilement être contournée: il suffit de renseigner une fausse date d’anniversaire lors de l’inscription.

“Créer un besoin” – C’est pour mettre fin à cette situation que Facebook assure vouloir créer une version d’Instagram pour les moins de 13 ans. Celle-ci doit permettre d’encadrer une pratique déjà répandue, en y ajoutant des garde-fous et des outils de contrôle pour rassurer les parents. L’expérience offerte sera similaire à celle proposée aux adolescents et aux adultes. Cette logique avait déjà conduit au lancement de Messenger Kids. “Nous ne sommes pas la seule société à le faire”, souligne Adam Mosseri, citant la version pour enfants de YouTube. Mais cet argumentaire ne satisfait pas les critiques, qui estiment que le réseau social ne cherche pas à répondre à un besoin, mais à en créer un.

Contrer TikTok – Cette version dédiée devrait en effet permettre à Instagram d’étendre son audience chez les moins de 13 ans. Par exemple, en convainquant certains parents qui interdisaient jusqu’à présent à leurs enfants de créer un compte. L’an passé, Messenger Kids revendiquait 7 millions d’utilisateurs par mois, principalement chez les 6-8 ans. Facebook promet de ne pas monétiser cette audience: comme sur Messenger Kids, aucune publicité ne sera affichée. L’objectif de l’entreprise est ailleurs. Elle souhaite surtout fidéliser un nouveau public, qui n’a pas le droit aujourd’hui d’utiliser les réseaux sociaux. Et ainsi éviter qu’il ne rejoigne ensuite TikTok ou Snapchat.

Pour aller plus loin:
– Les Etats-Unis recommandent de démanteler Facebook
– TikTok se dote d’un nouveau patron pour accélérer sa monétisation


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