Par , publié le 4 octobre 2021

C’est le visage qui se cache derrière les dernières révélations qui ébranlent Facebook. Dimanche soir, au cours de l’émission américaine 60 minutes, Frances Haugen est sortie de l’anonymat. Ancienne employée du réseau social, elle est à l’origine des “Facebook Files”, des milliers de documents internes qui ont notamment alimenté une série d’enquêtes publiées ces dernières semaines par le Wall Street Journal. Des documents qui prouvent que l’entreprise de Menlo Park a bien conscience des effets néfastes de ses plateformes. Mais qu’elle a choisi de privilégier ses profits. “Ils ont préféré la croissance à la sécurité”, assure la lanceuse d’alerte.

Algorithme – Depuis les premières révélations, Facebook tente d’en minimiser l’ampleur. “Le meilleur et le pire de l’humanité sont visibles sur nos plateformes, notre travail est de limiter le pire et d’amplifier le meilleur”, assure ainsi Nick Clegg, le directeur des affaires publiques interrogé par CNN. Frances Haugen affirme le contraire. Selon l’ancienne employée, l’algorithme du réseau social – qui détermine ce qui s’affiche dans le fil d’actualité – favorise les contenus nocifs car ils sont davantage commentés et partagés.“Facebook a réalisé que s’ils changent l’algorithme, les gens passeront moins de temps sur le site et cliqueront sur moins de publicités”, indique-t-elle. Et de souligner que les modifications introduites pour limiter la désinformation avant l’élection américaine n’ont été que temporaires.

Peu de sanctions – Frances Haugen a rejoint Facebook en juin 2019, soit un an et demi après le scandale Cambridge Analytica. Avant de quitter la société en mai dernier, elle a copié des dizaines de milliers de pages de documents internes. Par exemple, une étude montrant que seulement 3% à 5% des contenus haineux postés sur Facebook sont réprimandés. Et seulement 1% des messages violents ou incitant à la violence. Un autre document détaille le système Xcheck, des règles de modération plus laxistes pour certaines personnalités politiques et célébrités. Une autre étude souligne les effets dévastateurs d’Instagram chez certains adolescents. La révélation de son existence a poussé la société à suspendre son projet de version pour enfants.

Comme l’industrie du tabac ? – Pour Facebook, ces révélations ne sont pas seulement catastrophiques pour son image de marque. Elles sont également au centre de plusieurs plaintes déposées auprès de la Securities & Exchange Commission, accusant la société d’avoir menti aux investisseurs. Les milliers de documents ont également été transmis à des responsables politiques américains et européens, notamment français. “Facebook emploie les méthodes de l’industrie du tabac, a réagi l’influent sénateur américain Richard Blumenthal. En cachant ses propres recherches sur la dangerosité de ses produits, il a essayé de tromper l’opinion publique et le Congrès”. Frances Haugen sera interrogée ce mardi par le Sénat américain. Et elle sera reçue à Bruxelles en novembre.

Pour aller plus loin:
– Facebook suspend sa version pour enfants d’Instagram
– La justice américaine écarte un démantèlement de Facebook


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