Par , publié le 4 octobre 2021

Les chiffres sont gardés secrets. Un an après le lancement des premiers forfaits, les opérateurs français ne communiquent toujours pas sur le nombre d’abonnés à la 5G. Et pour cause: leurs clients ne se bousculent pas pour profiter des avantages promis par la nouvelle génération de l’Internet mobile. “L’appétit des clients n’est pas au rendez-vous”, reconnaissait en juin Olivier Roussat, le patron de Bouygues, dans un entretien accordé au Figaro. À l’époque, la 5G représentait moins de 1% du trafic mobile. Les opérateurs, qui investissent des milliards d’euros pour déployer leur réseau, ne s’alarment pas encore. “Ce n’est qu’une question de temps”, assure l’un d’entre eux.

10% des antennes – Dans un rapport publié ce mardi, Ericsson, le spécialiste suédois des équipements de réseau, prédit que deux millions de Français devraient passer à la 5G au cours de l’année 2021 et du premier semestre 2022. Cela représente moins de 3% du parc de clients mobiles. Ces débuts timides peuvent d’abord s’expliquer par la faible couverture du territoire: moins de 10% des antennes-relais sont aujourd’hui raccordées à la “vraie” 5G. Et même dans les grandes villes, où le déploiement est plus rapide, la continuité du service n’est pas assurée partout. Autre handicap: seulement 24% de la population possède un smartphone compatible. Un chiffre qui augmente au fur et à mesure que les clients renouvellent leurs terminaux.

Changer le marketing – Au-delà de ces deux éléments, la 5G peine surtout à démontrer son utilité, alors que les forfaits coûtent généralement cinq euros de plus par mois. Si les opérateurs insistent beaucoup sur le gain de vitesse, celui-ci est difficilement perceptible pour l’immense majorité des usages du grand public.“L’industrie des télécoms a besoin de repenser le marketing autour de la 5G”, admet Jasmeet Sethi, le directeur du ConsumerLab d’Ericsson. Il recommande ainsi d’insister davantage sur les nouveaux usages rendus possibles par cette technologie, comme la réalité augmentée ou le cloud gaming. Mais ces applications sont encore trop peu nombreuses.

Lunettes connectées – C’est bien là tout le problème actuel de la 5G: sa véritable valeur réside dans les usages de demain. Une fois ces nouveaux services disponibles, l’écart de prix avec la 4G ne représentera pas un problème, estime Jasmeet Sethi, qui assure que “les consommateurs sont prêts à payer 20% de plus”. Les opérateurs pourront aussi vendre des forfaits incluant encore plus de data, pour rentabiliser leurs investissements. Surtout, l’avenir de la 5G ne se limite pas aux smartphones. Il se trouve aussi dans l’industrie, où elle doit transformer les usines. Ou encore dans les futures technologies, comme les lunettes connectées. “À partir de 2026, de nouveaux wearables démontreront toute la puissance de la 5G”, prédit le responsable d’Ericsson.

Pour aller plus loin:
– Le déploiement de la 5G s’accélère… mais surtout en Chine
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