Par , publié le 7 novembre 2021

Dix ans après son lancement officiel dans les rues de San Francisco, Uber a dégagé au troisième trimestre le premier bénéfice opérationnel de son histoire. Un bénéfice limité à 8 millions de dollars, mais qui symbolise le renouveau de la plateforme de voitures avec chauffeur (VTC) après une année 2020 particulièrement compliquée. Cette première doit cependant être relativisée: Uber communique en effet des données “ajustées”. Le résultat opérationnel exclut ainsi certaines dépenses, en particulier la rémunération des employés en actions qui a atteint 281 millions de dollars sur la période.

Cession d’actifs – Pendant longtemps, Uber a accumulé des pertes abyssales, se chiffrant régulièrement en milliards de dollars. La société avait fait le choix d’opérer à perte pour se développer très rapidement et tuer la concurrence. Au moment de son introduction en Bourse en 2019, ses dirigeants avaient promis à Wall Street de devenir rentable. Si la crise sanitaire a retardé l’échéance, elle a aussi contribué à accélérer la baisse des coûts. Au-delà d’un vaste plan social, touchant près de 7.000 salariés, Uber s’est séparé d’actifs non stratégiques qui perdaient beaucoup d’argent. Par exemple, ses projets de robots-taxis et de taxis volants.

Livraisons de repas – Après avoir accusé une chute importante de son activité en 2020, Uber profite désormais du retour progressif à la normale sur le marché de la mobilité. Le nombre de trajets continue d’augmenter, même s’il reste inférieur aux niveaux d’avant crise. La réouverture des frontières dope notamment les trajets vers et depuis les aéroports, ceux qui rapportent le plus. La société bénéficie aussi de l’explosion du marché de la livraison de repas. Son service Uber Eats affiche une croissance proche de 100%. Et génère désormais un chiffre d’affaires équivalent à celui de l’activité VTC. Uber commence à investir dans la livraison de courses, un autre marché prometteur.

Statut des chauffeurs – Devenir rentable, même sur une base ajustée, représente une étape majeure pour l’entreprise. Mais cela ne doit pas occulter les menaces qui pèsent encore sur son modèle économique. En Europe, le statut de travailleurs indépendants de ses chauffeurs et de ses livreurs est remis en cause par de nouvelles lois ou des décisions de justice. Uber redoute une forte hausse de ses coûts et un manque de flexibilité, nécessaire à son fonctionnement. À Bruxelles, où la Commission doit présenter un projet de directive avant la fin de l’année, ses dirigeants militent ainsi pour une “troisième voie”, un statut hybride entre ceux de salariés et indépendants.

Pour aller plus loin:
– Uber abandonne son projet de robots-taxis
– En Europe, la menace s’accentue sur l’Uber-économie


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