Par , publié le 26 novembre 2021

C’est une première en Europe. Accusé de vendre des produits dangereux, l’e-marchand Wish va être déréférencé en France. Concrètement, cela signifie que son application ne sera plus disponible dans les boutiques App Store et Play Store. Son site Internet, lui, n’apparaîtra plus dans les moteurs de recherche. Cette annonce fait suite à une enquête menée par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Elle représente également un avertissement pour les autres acteurs du marché, eux aussi régulièrement pointés du doigt.

Simple intermédiaire – Fondé en 2010 à San Francisco, Wish est rapidement devenu un poids lourd du commerce en ligne grâce à ses prix cassés: des écouteurs sans fil à 2 euros, une montre à 5 euros, une paire de baskets à 10 euros… La société revendique 100 millions d’utilisateurs dans une centaine de pays, pour un chiffre d’affaires annuel supérieur à 2 milliards de dollars. Son modèle repose sur un rôle de simple intermédiaire entre les vendeurs et les acheteurs. Elle ne possède pas d’entrepôts, ni de stocks: tous les achats sont directement expédiés par la poste depuis la Chine, l’Indonésie ou encore la Birmanie. Wish n’effectue aucune vérification sur les vendeurs, ni sur la qualité des produits.

Résultats accablants – Fin 2020, l’entreprise avait déjà été épinglée par la DGCCRF, qui lui reprochait de vendre des contrefaçons et d’afficher de fausses promotions. Cette fois-ci, le service s’est penché sur la conformité et la sécurité de 140 produits commandés sur la plateforme. Les résultats sont accablants. 90% des appareils électriques analysés se sont révélés dangereux. 95% des jouets ne respectent pas les normes. Et si Wish retire bien les produits signalés sous 24 heures, comme l’impose la loi, la DGCCRF souligne qu’ils réapparaissent souvent sous un autre nom, parfois proposés par le même vendeur. Cet été, l’Etat avait laissé deux mois pour corriger ces problèmes. Une injonction restée sans réponse.

Avertissement – Le déréférencement de Wish s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle directive européenne pour protéger les consommateurs en ligne. C’est la première fois qu’elle est appliquée. Pour le moment, la plateforme reste accessible en France. Il sera toujours possible d’utiliser l’application si elle est déjà installée sur son smartphone. Ou de se rendre sur le site Internet en tapant directement l’adresse. Mais le gouvernement menace de l’interdire si Wish ne se met pas en conformité. Il espère aussi que cette sanction servira d’avertissement pour les autres places de marché, comme Amazon, eBay ou Aliexpress, le site d’Alibaba.

Pour aller plus loin:
– Wish, le site de e-commerce à prix cassés, entre en Bourse
Dans l’ombre des marketplaces, les agrégateurs Amazon lèvent des milliards


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