Par , publié le 6 février 2022

Le changement de nom de Facebook, officiellement devenu Meta cet été, et sa bascule vers le métaverse prennent un nouvel éclairage. Pour la première fois depuis sa création en 2004, le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg a perdu des utilisateurs au quatrième trimestre. Et Instagram et WhatsApp, ses traditionnels relais de croissance, ont aussi bien du mal à attirer de nouveaux adeptes. Cette baisse n’est pas que conjoncturelle, liée à la féroce concurrence de TikTok, qui a réussi à s’imposer bien au-delà des adolescents. Elle est probablement aussi structurelle: de plus en plus de plateformes se disputent le temps libre d’un parc d’utilisateurs qui n’augmente plus beaucoup.

Effet de réseau – Dans ces conditions, Meta ne dispose pas d’énormément d’options pour se relancer. La société cherche d’abord à séduire à nouveau les jeunes générations, qui ne considèrent plus forcément Instagram ou WhatsApp comme des alternatives à Facebook, le réseau social utilisé par leurs parents et grands-parents. Mais la tâche s’annonce particulièrement difficile, d’autant plus pour une entreprise qui se contente bien trop souvent de recopier les recettes qui fonctionnent ailleurs, comme les Stories et les vidéos à la TikTok. L’effet de réseau qui lui a tant profité – les gens utilisent ses services car leurs amis ou familles les utilisent aussi -, se retourne désormais contre elle.

Acquisitions – La deuxième option pour la société consisterait à reproduire la stratégie d’acquisitions, qui a tant fonctionné. En 2012, quand Instagram commence à menacer Facebook, qui a trop tardé à prendre le virage du mobile et de la photo, Mark Zuckerberg signe un chèque d’un milliard de dollars pour mettre la main sur ce nouveau rival. Deux ans plus tard, il fait la même chose en rachetant WhatsApp, l’application de messagerie en vogue. Il essaie ensuite d’acquérir Snapchat, mais sans succès. Problème: le contexte a fortement changé depuis. Les autorités de la concurrence s’inquiètent de la puissance de l’entreprise. Et bloqueront sans aucun doute une importante acquisition.

Métaverse – Reste donc une troisième option: trouver un nouveau relais de croissance. Pour Mark Zuckerberg, il s’agit du métaverse, ce monde virtuel qu’il voit comme la prochaine plateforme dominante. Sur ce marché, encore embryonnaire, Meta dispose de plusieurs avantages. D’abord, les efforts déjà accomplis depuis le rachat du fabricant de casque de réalité virtuelle Oculus en 2014. Ensuite, des moyens financiers et une volonté d’investissement sans aucune mesure. L’an passé, son Reality Labs a perdu dix milliards de dollars. C’est deux fois plus que les sommes levées par l’ensemble des start-up du secteur. La société multiplie aussi les rachats de studios de développement.

Trois défis – Rien ne garantit cependant que cette bascule sera gagnante. Trois défis majeurs se dressent devant Meta. D’abord, poursuivre sa politique d’investissements tout en rassurant Wall Street. L’action de la société a fortement chuté la semaine dernière, ce qui peut renforcer les pressions pour doper les profits à court terme. Le cours boursier est notamment un élément important pour recruter et conserver les meilleurs ingénieurs, rémunérés en partie en actions. Ensuite, la société devra convaincre le public d’acheter et de porter des casques ou des lunettes de réalité virtuelle et augmentée. Enfin, Meta devra trouver le bon moyen de monétiser ce nouvel univers, sans faire fuir ses utilisateurs.

Pour aller plus loin:
– Pour la première fois, Facebook perd des utilisateurs
– Facebook dévoile ses premières lunettes connectées


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