La spirale infernale se poursuit pour Didi Chuxing. Dans le collimateur de Pékin depuis son introduction en Bourse l’été dernier, la plateforme chinoise de voitures avec chauffeur (VTC) va mener un vaste plan social. Celui-ci pourrait toucher jusqu’à 20% des salariés, ce qui représenterait plus de 3.000 emplois supprimés. Depuis juillet, la société accuse un net repli de son activité en Chine, où il est toujours impossible de télécharger ses applications mobiles. Et elle reste également menacée par de nouvelles contraintes réglementaires, qui pourraient remettre encore plus en cause sa position dominante.
Applications retirées – Les déboires de Didi s’inscrivent dans le cadre d’une offensive contre les géants du numérique. Ils ont été précipités par son entrée à Wall Street, malgré l’opposition du régime chinois. Dans la foulée, tous ses services ont été retirés des boutiques d’applications, officiellement parce qu’ils ne respectaient pas la législation sur la protection des données personnelles. Huit mois plus tard, les “rectifications” apportées par la plateforme n’ont toujours pas été approuvées. Cela signifie par exemple que Didi ne peut pas recruter de nouveaux chauffeurs. Ou que ses clients qui changent de smartphone ne peuvent plus effectuer de trajet.
Cotation à Hong Kong – Après avoir défié Pékin, Didi cherche désormais à rentrer dans le rang. La société va ainsi quitter le New York Stock Exchange pour intégrer la Bourse de Hong Kong. Le plan social en cours pourrait être un moyen de rassurer les investisseurs chinois, alors que son chiffre d’affaires a chuté de 13% entre le deuxième et le troisième trimestre, période pourtant plus propice pour son activité. Dans le même temps, ses pertes se sont envolées, dépassant les 30 milliards de yuans (4,2 milliards d’euros). Les divisions les moins rentables, comme son service d’achats alimentaires groupés, devraient ainsi être les plus touchées par les licenciements.
Enquête antitrust – Depuis la disparition de ses applications, la part de marché de Didi est tombée à 75% sur le segment des VTC, contre près de 90% l’an passé. De quoi redonner des ambitions à des rivaux qui avaient fini par être découragés. D’autant que l’entreprise est ciblée par une enquête du puissant gendarme chinois de la concurrence. Au-delà d’une importante amende, elle risque surtout de se voir imposer des changements, comme l’interdiction des clauses d’exclusivité qu’elle impose à ses chauffeurs. Cela permettrait à ses rivaux de recruter plus facilement. Et aux conducteurs de faire jouer la concurrence entre les différentes plateformes pour maximiser leur rémunération.
Pour aller plus loin:
– Pékin investit dans Cao Cao pour lui permettre de rivaliser avec Didi
– Ciblé par Pékin, Didi disparaît des boutiques d’applications