Par , publié le 15 mars 2022

Invitée dans les foyers français par la crise sanitaire, Doctolib capitalise sur son nouveau statut. Mardi, la plateforme de prise de rendez-vous médicaux et de téléconsultation a officialisé une levée de fonds de 500 millions d’euros, dont une partie en dettes, sans faire appel à de grands fonds étrangers, généralement au centre des gros tours de table hexagonaux. Surtout, Doctolib devient la start-up la mieux cotée de la French Tech, avec une valorisation de 5,8 milliards d’euros. C’est 700 millions de plus que le précédent record, détenu depuis janvier par le spécialiste des appareils reconditionnés Back Market. Et cinq fois plus que lors de sa précédente levée de fonds en mars 2019.

Vaccination – Lancée en 2013, la société a enregistré un fort coup d’accélérateur depuis deux ans. Elle a profité de l’épidémie de coronavirus pour s’imposer comme un acteur incontournable sur le secteur de la santé. D’abord, en favorisant les téléconsultations puis en permettant de réserver des créneaux de vaccination. Doctolib revendique désormais plus de 60 millions d’utilisateurs, principalement en France mais aussi en Allemagne et en Italie. Et 300.000 professionnels de santé utilisent son service de prise de rendez-vous. Environ la moitié ont souscrit à un abonnement payant (à partir de 129 euros par mois), pour bénéficier d’autres fonctionnalités. 250 hôpitaux ont aussi basculé vers Doctolib.

Nouveaux services – Forte de ses nouveaux moyens financiers, l’entreprise, qui ne prévoit pas d’être rentable avant 2024 ou 2025, promet d’embaucher 3.500 salariés au cours des cinq prochaines années. Pour convaincre davantage de médecins ou dentistes d’utiliser sa plateforme puis de passer à l’offre payante, elle souhaite étendre son offre de services, comme par exemple le partage d’ordonnances dématérialisées ou une messagerie sécurisée. Doctolib entend également poursuivre ses importants investissements en Allemagne et en Italie, son marché le plus récent où elle vient de racheter Dottori. Dans ces deux pays, elle est en compétition avec la start-up polonaise DocPlanner.

Quasi-monopole – En France, Doctolib est en revanche en situation de quasi-monopole. Cette position s’explique en partie par un effet de réseau: les patients et les professionnels de santé ont tout intérêt à utiliser la plateforme la plus populaire. Ces derniers redoutent désormais que l’abonnement au service ne leur devienne indispensable. Ou que la société puisse augmenter unilatéralement ses tarifs. Doctolib suscite aussi des inquiétudes sur la protection des données de santé. Si elle vient de racheter une start-up spécialisée dans la cybersécurité, l’hébergement de ces informations chez Amazon Web Services les laisse à portée de la législation américaine.

Pour aller plus loin:
– 25 licornes (ou presque)… et maintenant ?
– Back Market redevient la start-up française la mieux valorisée


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