Par , publié le 12 avril 2022

Masayoshi Son n’a pas l’habitude de ralentir face aux difficultés. Pourtant, l’homme d’affaires japonais, qui dirige le conglomérat Softbank, vient de demander à ses équipes de limiter les prises de participation dans les start-up, rapporte le Financial TimesEn cause: les pertes abyssales enregistrées par le Vision Fund, son véhicule d’investissements devenu en cinq ans l’un des plus actifs au monde. Rien que l’an passé, il a participé à près de 200 levées de fonds. Il a notamment mené de nombreuses méga-levées, contribuant à faire s’envoler les valorisations des sociétés non cotées. Mais il paie aujourd’hui le plongeon des actions technologiques en Bourse.

Géants chinois – Il y a tout juste un an, Masayoshi Son savourait une éclatante revanche sur ceux qui avaient osé douter de lui. Lui, le visionnaire qui avait parié avant tout le monde sur Alibaba en 2000. Après des débuts difficiles, marqués notamment par le fiasco WeWork, le Vision Fund enregistrait alors des résultats historiques. Il avait permis à Softbank de réaliser des bénéfices jamais vu pour une entreprise japonaise. Depuis, le contexte a fortement changé. Et la valeur de ses nombreux investissements a plongé, sous l’effet du resserrement annoncé de la politique monétaire américaine et de l’offensive de la Chine contre ses géants du numérique.

Pertes record – Les profits et les pertes du Vision Fund sont comptables, fluctuant en fonction de la valorisation des sociétés, cotées ou non, dans lequel il a investi. Softbank n’a pas encore publié ses résultats du premier trimestre. Mais le déficit de son fonds pourrait dépasser le record de 825 milliards de yens (6,1 milliards d’euros) enregistré à l’automne 2021. Ces mauvaises performances ont été précipitées par les difficultés boursières de l’e-marchand sud-coréen Coupang ou encore de la “super app” singapourienne Grab. Elles s’expliquent aussi par la mauvaise passe des valeurs chinoises. Et plus particulièrement de Didi, la plateforme de voitures avec chauffeur, ciblée depuis des mois par Pékin.

“Le printemps arrive” – Dans le même temps, le Vision Fund ne peut plus compter sur des introductions en Bourse pour doper la valeur de certains de ses paris. En attendant des jours meilleurs, le fonds devrait donc revoir ses ambitions à la baisse. À l’image de Tiger Global, autre investisseur boulimique, il pourrait notamment se détourner des start-up les plus matures, celles qui nécessitent des sommes importantes et des valorisations élevées. Une mauvaise nouvelle pour ces entreprises, même si la plupart d’entre elles ont récemment mené d’importants tours de table. Masayoshi Son reste malgré tout confiant.“Le printemps arrive et nous continuons de semer des graines”, assurait-il en février.

Pour aller plus loin:
– La mésaventure d’Instacart, un avertissement pour les start-up ?
– Après le fiasco WeWork, Softbank tente un pari risqué en Bourse


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