Par , publié le 14 avril 2022

Pour les 192 salariés de Sigfox, l’interminable attente durera au moins une semaine de plus. Jeudi, le tribunal de commerce de Toulouse a en effet reporté le choix du repreneur du spécialiste toulousain de l’Internet des objets (IoT), placé en redressement judiciaire en janvier. Ce délai pourrait permettre à l’offre formulée par la société singapourienne Unabiz, qui a la préférence de la direction et des salariés, de recevoir l’aval du ministère de l’Économie. À dix jours du second tour de l’élection présidentielle, le dossier revêt un enjeu politique. Après avoir interpellé Emmanuel Macron, Henri Bong, le PDG d’Unabiz et ancien salarié de Sigfox, se dit néanmoins confiant.

300 millions levés – Fondé en 2010, Sigfox était avec BlaBlaCar, l’une des deux premières vedettes de la French Tech. La société est une pionnière de l’IoT, une révolution annoncée notamment dans l’industrie. Elle promet alors de déployer un réseau bas débit pour connecter des millions d’objets, grâce à des capteurs à bas coûts et à faible consommation d’énergie. Les perspectives du marché attirent les investisseurs. En quelques années, la start-up lève ainsi près de 300 millions d’euros, auprès d’une multitude d’opérateurs télécoms et d’industriels. Ses dirigeants ne manquent pas d’ambitions. Pour devenir un leader mondial, ils investissent massivement. Et ils promettent un milliard d’objets connectés à leur réseau dès 2023.

Patron écarté – Ces belles promesses ne se sont cependant jamais concrétisées. Si Sigfox met en avant la crise sanitaire, ses problèmes sont beaucoup plus profonds. L’essor attendu des objets connectés n’a pas été aussi important qu’espéré. Et d’autres technologies se sont imposées, comme le réseau LoRa qui représente aujourd’hui l’essentiel du marché. Sigfox est ainsi très loin de ses ambitieux objectifs: seulement 20 millions d’objets sont raccordés à son réseau. Face à cette situation, la société a taillé dans ses effectifs et écarté son patron. Elle a également tenté de pivoter, renonçant au déploiement de son réseau pour miser sur la vente de services IoT aux entreprises.

Avertissement – Dans le cadre de cette stratégie, Sigfox a revendu en 2020 son réseau en Allemagne. Pour faire rentrer des liquidités, la société espérait faire la même chose en France et aux Etats-Unis. Sans succès. Cet échec a précipité sa chute. Car en coulisses, la situation financière s’est rapidement dégradée. En quelques années, le chiffre d’affaires a plongé, passant de 47 à 24 millions d’euros entre 2017 et 2020. Les pertes se sont creusées, pour atteindre 90 millions d’euros en 2020. Et la dette s’est envolée. Fin 2020, elle se chiffrait à plus de 150 millions. Alors que les méga-levées de fonds se multiplient en France, la chute de Sigfox doit servir d’avertissement pour la French Tech.

Pour aller plus loin:
– La French Tech atteint son objectif de 25 licornes
– Pourquoi la 5G ne décolle toujours pas en France


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