Par , publié le 11 mai 2022

C’est un nouveau front judiciaire qui s’ouvre dans la grande bataille autour des commissions prélevées par les boutiques d’applications mobiles. Cette fois-ci, c’est Match qui attaque Google devant la justice américaine. Selon le géant des rencontres en ligne, propriétaire de nombreuses marques comme Tinder et Meetic, le créateur d’Android opère comme un monopole en forçant les développeurs à utiliser son système de paiement. Et ainsi à lui verser entre 15% et 30% de commissions sur chaque achat ou abonnement. Jusqu’à présent, Match ne respectait pas cette obligation. Mais ses applications pourraient être retirées du Play Store de Google en juin s’il ne rentre pas dans le rang.

Commissions abaissées – Cette procédure rappelle celle lancée en août 2020 par Epic, l’éditeur du populaire jeu vidéo Fortnite qui visait lui Apple. Les deux entreprises font d’ailleurs partie de la Coalition for App Fairness, un lobby dénonçant les pratiques des géants américains, qui contrôlent à eux deux l’écosystème mobile. Et qui peuvent donc imposer leurs règles. Face aux critiques, Google et Apple ont cependant réagi, dans l’espoir d’éviter une intervention des autorités. Le duopole a baissé une partie des commissions, en particulier pour les petits développeurs. Mais en conservant l’essentiel: les commissions sur les jeux vidéo, qui représentent le plus gros des achats.

Ultimatum – Pendant longtemps, Google a été moins intransigeant qu’Apple dans l’application de ses règles. Match, mais aussi Netflix et Spotify, en avaient profité pour utiliser une plateforme extérieure de paiement. Cela leur permettait de reverser aucune commission. Le moteur de recherche a depuis changé de stratégie, fixant un ultimatum au 1er juin, date à laquelle les applications fautives ne seront plus distribuées sur le Play Store. Google souligne que ces applications pourront toujours être installées depuis d’autres boutiques ou directement – ce qui n’est pas possible sur le système iOS d’Apple. Mais cela reviendrait à se couper de l’immense majorité des utilisateurs.

Maintenir la pression – L’an passé, dans la procédure menée par Epic, la justice américaine avait considéré que la position d’Apple ne pouvait pas être considérée comme monopolistique. Pour Match, l’essentiel est peut-être ailleurs: négocier un accord avec Google, comme l’a fait en début d’année Spotify, qui a obtenu le droit d’intégrer un système de paiement alternatif, sur lequel il reversera des commissions moins élevées. Surtout, la société souhaite maintenir la pression sur la classe politique et les autorités de la concurrence. Aux Etats-Unis, un projet de loi est actuellement en discussion pour imposer des changements majeurs à Apple et Google. En Europe, plusieurs enquêtes sont en cours.

Pour aller plus loin:
– Bruxelles s’attaque à la “taxe Apple”
– Le suédois PriceRunner réclame plus de 2 milliards d’euros à Google


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