Par , publié le 25 mai 2022

Le plongeon est spectaculaire. Historique même. Mardi, l’action de Snap a chuté de 43% à Wall Street, retombant à son plus bas niveau depuis mars 2020, au plus fort de la crise boursière provoquée par l’émergence du Covid. Depuis le point haut touché en septembre dernier, sa valeur a été divisée par 6,5. Lundi soir, la maison mère de Snapchat avait prévenu les marchés qu’elle n’atteindrait pas les objectifs financiers annoncés il y a tout juste un mois. “L’environnement macroéconomique s’est détérioré davantage et plus rapidement que nous l’avions prévu”, a justifié Evan Spiegel, son fondateur et patron, dans un message envoyé aux employés.

Baisse des budgets pub – Snap tablait jusqu’à présent sur une progression de son chiffre d’affaires comprise entre 20% et 25% au deuxième trimestre. Cette prévision représentait déjà une très forte décélération. Sur les trois premiers mois de l’année, sa croissance s’est élevée à 38%. Et elle se chiffrait à 64% sur l’ensemble de l’année dernière. La société californienne espérait aussi un résultat opérationnel ajusté légèrement positif sur le trimestre, ce qui représentait aussi une performance peu encourageante. Snap se dit victime de la baisse des budgets publicitaires liée à l’inflation, à la montée des taux d’intérêt, aux problèmes d’approvisionnement ou encore à la guerre en Ukraine.

Recrutements limités – Face à ce ralentissement, le groupe au fantôme jaune va commencer par limiter les embauches. Il prévoit de recruter seulement 500 personnes d’ici à la fin de l’année, contre 900 au cours des cinq premiers mois. Ces dernières semaines, Facebook et Twitter ont annoncé des mesures similaires. Snap pourrait aller plus loin. Evan Spiegel explique vouloir “évaluer le reste des budgets pour 2022”, demandant notamment aux responsables d’équipe de “trouver des économies supplémentaires”. Le dirigeant reste cependant optimiste. Et promet de poursuivre les investissements, par exemple pour développer des lunettes de réalité augmentée.

Capitulation – La réaction des marchés peut sembler démesurée, alors que Snap n’a pas fourni de nouvelles prévisions de croissance. Mais elle peut s’expliquer par l’accumulation des vents contraires. La société est déjà pénalisée par les nouvelles règles d’Apple sur le pistage publicitaire, qui réduit l’efficacité de ses publicités. Elle subit aussi la concurrence de TikTok, qui limite sa capacité à attirer de nouveaux adeptes aux Etats-Unis et en Europe. Surtout, la réaction de Wall Street symbolise une sorte de capitulation des investisseurs, qui fuient désormais les entreprises technologiques, en particulier celles qui, comme Snap, ne sont pas rentables. Toute mauvaise nouvelle, même minime, est ainsi lourdement sanctionnée.

Pour aller plus loin: 
– La spectaculaire dégringolade boursière des valeurs tech
– Facebook et Snapchat pénalisés par les règles publicitaires d’Apple


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