Par , publié le 8 juin 2022

Après avoir survécu aux confinements, Bird se disait l’été dernier, en annonçant son introduction en Bourse, bien positionnée pour profiter de l’explosion de la demande pour les nouvelles formes de mobilité. Mais moins d’un an plus tard, la plateforme de location de trottinettes et de vélos électriques a officialisé mercredi un important plan social. Elle va supprimer près d’un quart de ses effectifs, soit environ 140 emplois. En 2020, alors que la crise sanitaire avait ramené son activité à zéro, elle s’était déjà séparée d’un peu plus de 400 salariés. Toujours déficitaire, la société américaine a promis de réduire ses dépenses. Et assure pouvoir atteindre la rentabilité l’année prochaine.

400 villes – Créée en 2017 par Travis VanderZanden, un ancien haut dirigeant d’Uber, Bird a lancé la mode des trottinettes électriques en free floating (sans bornes), reprenant le modèle popularisé par les start-up chinoises spécialisées dans la location de vélos. L’intérêt pour ces engins est immédiat. La start-up multiplie alors les levées de fonds. En neuf mois, sa valorisation dépasse la barre symbolique du milliard de dollars, un record de rapidité. Cet argent lui permet de se développer très rapidement. Ses trottinettes et ses vélos sont désormais déployés dans 400 villes et campus universitaires aux Etats-Unis et en Europe. L’an passé, ils ont réalisé plus de 40 millions de trajets.

Faible trésorerie – Persuadé du potentiel du marché, Bird a toujours énormément dépensé, sans trop se soucier de ses pertes. L’an passé, la société a ainsi accusé un déficit de 196 millions de dollars. Et elle a dépensé 215 millions pour acheter les trottinettes et vélos qui lui seront livrés en 2022 et 2023. Sa trésorerie atteint désormais un niveau inquiétant: moins de 70 millions. Après avoir recherché la croissance à tout prix, Bird promet de favoriser “la route vers la rentabilité”. Elle vise des économies de 80 millions de dollars par an, en réduisant sa main-d’oeuvre mais aussi en limitant le recours à des sous-traitants. Elle va également abandonner les marchés les moins rentables. Et revoir à la baisse ses ambitions dans la vente de vélos et de trottinettes au grand public.

Lente amélioration – Surtout, Bird doit encore démontrer la pertinence de son modèle économique. Certes, ses marges s’améliorent notamment grâce à des modèles plus robustes, qui peuvent être amortis sur une durée de vie plus longue – entre deux et trois ans pour sa dernière trottinette. Mais l’évolution reste très lente. Contrairement à ses concurrents, l’entreprise n’a pas intégré des batteries amovibles, qui peuvent être remplacées directement dans la rue par des équipes mobiles. Elle a opté pour des batteries plus grosses, qui n’auraient besoin d’être rechargées qu’une seule fois par semaine. Pas suffisant pour convaincre Wall Street. Depuis ses débuts boursiers, l’action de Bird a chuté de plus de 90%, ramenant sa capitalisation à 200 millions de dollars.

Pour aller plus loin:
– Le secteur tech touché par une vague de plans sociaux
– Comment Tier veut révolutionner la location de trottinettes électriques


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