Par , publié le 21 septembre 2022

Élever des larves de mouche pour révolutionner la chaîne alimentaire. C’est l’ambition de la start-up française InnovaFeed, qui a annoncé mardi avoir levé 250 millions d’euros supplémentaires, dont 15% en dettes, notamment auprès du fonds souverain du Qatar. Cette somme doit lui permettre “d’accélérer [son] déploiement”, indique Clément Ray, son cofondateur et patron. La société va développer son outil industriel, agrandissant son usine située dans la Somme, inaugurée il y a deux ans, et ouvrant un deuxième site, beaucoup plus grand, aux États-Unis. InnovaFeed vise une production de plusieurs centaines de milliers de tonnes d’engrais et d’aliments pour les animaux.

Un milliard d’euros de commandes – Contrairement à Ÿnsect, autre spécialiste français du secteur, InnovaFeed élève des larves de mouches soldats noires, réputées pour leurs capacités nutritionnelles. Et ensuite transformées en huile pour nourrir les volailles et les porcs, en protéines pour les poissons d’élevage, en aliments pour animaux de compagnie et en engrais pour l’agriculture. La start-up, fondée en 2016, revendique déjà plus d’un milliard d’euros de commandes jusqu’en 2030. Elle a notamment séduit les géants américains de l’agro-industrie ADM et Cargill, clients et désormais actionnaires après leur participation à la dernière levée de fonds.

Nouvelles usines – Pour InnovaFeed, le principal défi consiste désormais à accroître les cadences de production. Cette année, la société ne devrait d’ailleurs pas atteindre son objectif de chiffre d’affaires – entre 30 et 50 millions d’euros. Pour passer à la vitesse supérieure, la société prévoit d’investir pour agrandir son usine française, afin de doubler sa capacité de production. Elle s’est aussi associée avec ADM pour construire, dans la région de Chicago, une usine quatre fois plus grande, capable de produire 400.000 tonnes par an. Et un troisième site est à l’étude, peut-être en Asie. D’ici à 2030, la start-up ambitionne d’ouvrir une dizaine d’usines.

Alimentation humaine – L’utilisation de larves dans l’élevage doit permettre de réduire l’impact environnemental, alors que la consommation de viande et de poisson ne cesse de progresser. Dans l’aquaculture, qui fournit désormais près de la moitié de la consommation, les insectes remplaceraient ainsi les farines de poisson aujourd’hui utilisées. Pour les porcs et les poulets, ils pourraient se substituer aux céréales, dont la production alourdit l’empreinte de l’élevage. Innovafeed assure ainsi que ses protéines permettent de réduire le bilan carbone de 50% à 80%. À plus long terme, la start-up espère aussi se lancer dans l’alimentation humaine. Elle vient d’ailleurs de déposer une demande auprès des autorités sanitaires européennes.

Pour aller plus loin:
Ÿnsect fait un pas supplémentaire vers l’alimentation humaine
– Avec Mosa Meat, la viande de synthèse se rapproche de nos assiettes


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