Par , publié le 9 novembre 2022

C’est la nouvelle destination des réfugiés de Twitter, à la recherche d’une alternative après l’officialisation de son rachat par Elon Musk pour 44 milliards de dollars. Depuis deux semaines, près de 600.000 personnes ont ouvert un compte sur Mastodon, un réseau social lancé en Allemagne et jusqu’à présent peu connu du grand public. Lundi, il a dépassé la barre du million d’utilisateurs actifs mensuels, restant cependant encore très loin des 255 millions d’adeptes de Twitter – un chiffre en hausse depuis dix jours. Le plus dur sera désormais de fidéliser cette nouvelle audience, qui trouvera une plateforme similaire, sans publicité ni algorithme, mais aussi beaucoup moins peuplée. Un challenge que n’arrivent pas à relever les autres réseaux alternatifs.

Réseau décentralisé – En apparence, Mastodon ressemble beaucoup à Twitter. L’oiseau bleu est remplacé par un mastodonte violet. Et les tweets de 280 caractères par des toots (pouets en français) pouvant être deux fois plus longs. La véritable différence se trouve en coulisses. Le réseau social est décentralisé, c’est-à-dire qu’il n’est pas hébergé et géré par une seule entité. Il est hébergé sur plus de 4.000 serveurs, détenus par différentes personnes ou organisations. Certains sont généralistes, d’autres très spécifiques. Certains sont ouverts à tous, d’autres réservés aux internautes invités. Chaque serveur fixe ses propres règles, en particulier en matière de modération. Et dispose de sa propre communauté, même s’il est possible de suivre des utilisateurs hébergés ailleurs.

Processus d’inscription – Pour ses partisans, cette particularité fait la force de la plateforme, car elle n’est pas contrôlée par une entreprise cherchant à générer le maximum de profits. Mais c’est aussi une de ses faiblesses. D’abord, parce que le processus d’inscription peut être décourageant pour le plus grand nombre. Chaque utilisateur doit en effet choisir un serveur, sans réellement savoir qui se cache derrière. Ni être certain que son propriétaire ne lira pas les messages privés. Ensuite, parce que chaque serveur doit être financé, généralement par l’intermédiaire d’un Patreon. Cela signifie qu’il peut théoriquement disparaître à tout moment, faute d’argent. Ou qu’il peut peiner à supporter la hausse du trafic.

Effet de réseau – La deuxième faiblesse principale de Mastodon, c’est sa taille. Face à lui, Twitter bénéficie d’un important effet de réseau: ses utilisateurs sont présents parce qu’ils peuvent suivre des célébrités, des personnalités politiques, des sportifs ou des médias. Et ces derniers sont actifs sur la plateforme parce qu’ils peuvent toucher des centaines de milliers ou des millions de personnes. Cet effet de réseau a longtemps protégé Facebook et Instagram, avant d’être mis à mal par TikTok. Il protège aussi WhatsApp, malgré de multiples polémiques. C’est aussi pour cela que les autres alternatives de Twitter, comme Truth Social lancé par Donald Trump, peinent à s’imposer. Passé l’effet de curiosité, Mastodon aura ainsi bien du mal à conserver ses nouveaux inscrits.

Pour aller plus loin:
– Elon Musk rachète Twitter, et maintenant ?
– Comment Gab est devenu le nouveau refuge de l’extrême droite


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