Après avoir subi pendant trois semaines un management brutal, plus de 1.000 employés de Twitter ont claqué la porte jeudi dernier, refusant de répondre favorablement à un ultimatum lancé la veille par Elon Musk. Le nouveau patron du réseau social leur avait laissé 36 heures pour accepter une nouvelle culture “hardcore”, caractérisée par “de longues heures de travail à haute intensité”. Cet ultimatum s’est transformé en opportunité de partir avec trois mois de salaire pour des salariés déjà exaspérés par les méthodes du milliardaire, sa volonté de réduire la modération ou encore le flou autour de la distribution d’actions, une grande partie de leur rémunération. L’entreprise ne compte désormais plus que 2.000 salariés, contre environ 7.500 avant le rachat fin octobre.
Exode chez les ingénieurs – Cet ultimatum devait permettre à Elon Musk de se séparer des employés les moins motivés, après avoir récemment estimé que les effectifs étaient encore trop importants, malgré un vaste plan social. Il n’avait cependant pas anticipé un tel exode, en particulier chez les ingénieurs informatiques, pour lesquels la proportion de partants serait particulièrement élevée. Quelques heures avant l’échéance, le patron de Twitter a tenté en vain de limiter les départs. D’abord, en revenant sur la fin, peu appréciée en interne, du télétravail. Ensuite, en organisant des réunions pour essayer de convaincre les ingénieurs sur le départ. “Les meilleurs sont restés”, a-t-il ensuite assuré, se félicitant par ailleurs de la progression du nombre d’utilisateurs depuis son arrivée.
Craintes de panne – Cette importante vague de départs dans les équipes techniques suscite de grandes inquiétudes sur la stabilité et la sécurité de Twitter. Des équipes entières d’ingénieurs ont quitté l’entreprise depuis trois semaines. D’autres ont été décimées, notamment celles qui gèrent l’infrastructure. Cela ne signifie pas pour autant que la plateforme ne va plus fonctionner du jour au lendemain. Mais que la probabilité qu’un problème arrive est désormais plus importante. Tout comme la probabilité qu’il ne soit pas détecté et réparé à temps. Twitter pourrait ainsi être davantage touché par des pannes. À cet égard, la Coupe du monde de football, qui a débuté dimanche et qui devrait se traduire par des pics d’audience sur le réseau social, servira de gigantesque test.
Feuille de route – Au-delà des potentiels problèmes techniques, ce dernier épisode ne fait que renforcer le sentiment d’instabilité au sein de l’entreprise, ce qui ne fait qu’alimenter la défiance des annonceurs. Il menace aussi l’ambitieuse feuille de route d’Elon Musk. Comment relancer la plateforme de vidéos Vine, lancer un concurrent de YouTube ou encore transformer Twitter en super app, sur le modèle de la chinoise WeChat, en ayant perdu autant de forces vives ? Il pose enfin la question du leadership du milliardaire, désavoué publiquement par près de la moitié des employés restants. S’il fonctionne plutôt bien chez Tesla et SpaceX, où les salariés partagent sa vision, son management par la peur ne trouve pas le même écho chez Twitter. Et ne suffira donc pas pour relancer la société.
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