Par , publié le 5 décembre 2022

Soigner les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson grâce à des puces cérébrales ne suffisait pas à Elon Musk. La semaine dernière, le milliardaire a également promis de s’attaquer à la cécité et à la paralysie, lors d’un événement présentant les avancées de sa start-up Neuralink. Ces promesses, qui peuvent sembler “miraculeuses”, selon son propre aveu, suscitent déjà de nombreuses réserves au sein de la communauté scientifique. Qu’importe. Fidèle à son habitude, Elon Musk souhaite occuper le terrain médiatique et avancer le plus vite possible, se disant prêt à passer à l’expérimentation humaine “dans les six prochains mois”. Puis à implanter une puce dans son cerveau.

Capacités humaines – Fondé en toute discrétion à l’été 2016, Neuralink ambitionne de concevoir une interface cerveau-ordinateur, grâce à un petit implant équipé de milliers d’électrodes. Les premiers cas d’usage doivent être médicaux, permettant par exemple de“réparer les lésions cérébrales qui ont fait perdre une capacité cognitive à une personne”, expliquait Elon Musk en 2017. Les utilisations grand public sont plus lointaines, “pas avant 2025”. L’objectif sera alors d’augmenter les capacités humaines. Cela pourrait permettre de contrôler une machine ou de télécharger ses pensées directement sur un ordinateur. Et donc de communiquer avec un autre humain. “Nous n’aurons plus besoin de verbaliser nos pensées”, anticipait le patron de Tesla.

Procédure invasive – Depuis 2017, Neuralink mène des tests sur des singes et des cochons. Selon Bloomberg, Elon Musk estime cependant que les progrès ne sont pas assez rapides. Et pour cause: il a promis à plusieurs reprises que les essais cliniques sur des humains étaient imminents. Cette fois-ci, il assure avoir transmis la majorité des documents nécessaires pour obtenir l’aval de la FDA, les autorités sanitaires américaines. La partie semble encore loin d’être gagnée. Neuralink devra démontrer que sa puce cérébrale fait peser des risques limités aux patients. Notamment lors de sa pose, une procédure particulièrement invasive, qui requiert de découper un trou dans le crâne. L’an passé, une association assurait que seulement sept des 23 singes utilisés entre 2017 et 2020 ont survécu.

Promesses inatteignables ? – Pour plusieurs experts, le timing de six mois fixé par Elon Musk semble très ambitieux – même si la FDA a autorisé cet été un premier implant cérébral, qui ne nécessitait pas d’intervention chirurgicale lourde. D’autres promesses apparaissent encore moins atteignables. Ses détracteurs lui reprochent de multiplier les effets d’annonces, survendant des avancées déjà réalisées dans le monde académique. Et faisant miroiter des applications médicales encore beaucoup trop incertaines. Sa dernière intervention n’y déroge pas. Quand la communauté scientifique espère rétablir quelques fonctions basiques, Elon Musk ne voit, lui, pas de “limites pour restaurer le fonctionnement intégral du corps d’une personne dont la moelle épinière a été sectionnée”. 

Pour aller plus loin:
– Neuralink rejette les accusations de maltraitance animale
– Theranos, le procès des excès de la Silicon Valley


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