Quatorze ans après son lancement, Bing reste un distant deuxième sur le marché des moteurs de recherche. Selon le site spécialisé The Information et l’agence Bloomberg, Microsoft s’apprête cependant à repasser à l’offensive pour tenter de contrer la domination de Google. Au cours des prochains mois, le géant de Redmond devrait en effet intégrer le robot conversationnel ChatGPT, dont les capacités impressionnent depuis son ouverture au public fin novembre. L’idée serait d’utiliser ce nouveau champion de l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer certains résultats de recherche, en proposant davantage que de simples liens ou de petits extraits d’un site Internet. Plusieurs phases de tests sont prévues, avant un potentiel lancement à grande échelle.
Erreurs – ChatGPT a été développé par OpenAI, un laboratoire de recherche lancé en 2015 par plusieurs personnalités de la Silicon Valley, dont Elon Musk, qui a depuis claqué la porte. Il illustre l’une des promesses de l’intelligence artificielle: révolutionner la recherche d’informations, en allant puiser des données dans de nombreuses sources, puis en proposant un résumé cohérent et immédiatement accessible. Mais ChatGPT souffre encore de très nombreuses erreurs factuelles, qui limitent son déploiement dans des services grand public, comme Bing. “Ce serait une erreur de l’utiliser pour des choses importantes”, admet d’ailleurs Sam Altman, le patron d’OpenAI. Attendue cette année, une nouvelle version de son intelligence artificielle pourrait permettre de corriger une partie de ces problèmes.
3% du marché – Microsoft dispose de liens privilégiés avec OpenAI, dans lequel il a injecté un milliard de dollars en 2019, dans le cadre d’un accord comprenant aussi des licences d’utilisation et un partenariat commercial. Depuis, le créateur de Windows propose certaines technologies de la start-up, comme DALL-E, une IA capable de créer des images à partir d’un texte, aux clients de son cloud Azure. En déployant ChatGPT sur Bing, Microsoft espère pouvoir proposer une nouvelle expérience de recherche, plus puissante et plus conversationnelle. Et ainsi donner un coup de fouet à son moteur, dont la part de marché culmine, selon les données de Statcounter, à seulement 3% – essentiellement des utilisateurs du navigateur Edge de Microsoft, sur lequel Bing est le moteur par défaut.
Google menacé ? – Dans l’euphorie du moment, certains prédisent déjà la mort de Google, qui s’accapare 93% des recherches en ligne. Une hypothèse bien trop rapide. D’abord, parce que le moteur reste bien meilleur dans de nombreux domaines. Ensuite, parce qu’il bénéficie d’une certaine inertie des internautes. Pour faire bouger les lignes, la concurrence doit être “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, analyste chez Morgan Stanley. Enfin, parce que Google développe aussi une IA conversationnelle, dont il a encore peu montré les capacités. La menace pour la société est ailleurs: l’intégration de ChatGPT à Bing pourrait la pousser à ajouter plus rapidement cette IA dans ses résultats. Ce qui menacerait en partie son modèle économique actuel, basé sur les clics générés par les recherches.
Pour aller plus loin:
– ChatGPT illustre les promesses de l’intelligence artificielle… et ses limites
– Comment You.com espère rivaliser avec Google