L’intégration de ChatGPT ne porte pas encore ses fruits pour Bing. En février, le moteur de recherche de Microsoft a même perdu des parts de marché, malgré l’ajout de l’impressionnant robot conversationnel conçu par la start-up OpenAI. Selon les estimations du cabinet Statcounter, seulement 2,8% des recherches en ligne ont été réalisées sur Bing le mois dernier, contre 3% en janvier. À l’inverse, la part de marché de Google, à qui certains prédisaient déjà un inexorable déclin, a légèrement progressé, dépassant la barre des 93% pour la première fois depuis au moins 2009. S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan, ces premiers chiffres illustrent cependant les difficultés qui attendent le concepteur de Windows pour bousculer le leader du marché.
Erreurs – Grâce à ChatGPT, Bing offre aux internautes une nouvelle expérience de recherche, proposant désormais deux types de résultats. À gauche, les traditionnels liens ou petits extraits d’un site Internet. À droite, des réponses plus complexes et détaillées fournies par l’intelligence artificielle générative d’OpenAI. Bing permet aussi de lancer une conversation avec le chatbot.“C’est le début d’une nouvelle ère pour la recherche en ligne”, s’enthousiasme Satya Nadella, le patron de Microsoft. L’intégration du robot pose cependant un problème majeur: d’innombrables erreurs factuelles, inhérentes à son fonctionnement, tout en apparaissant très crédible. Les nombreuses fautes présentes lors de la présentation du nouveau Bing sont ainsi longtemps passées inaperçues.
Inertie – Malgré tout, Microsoft a choisi de déployer très rapidement ChatGPT sur son moteur de recherche pour profiter de l’incroyable engouement suscité par le chatbot – plus de 100 millions de curieux en moins de trois mois. Et aussi pour prendre de vitesse Google, dont la riposte, présentée avec précipitation, ne sera pas disponible avant plusieurs mois. En attendant, trois éléments plaident en faveur du leader du marché. D’abord, son moteur reste bien meilleur dans de nombreux domaines. Ensuite, passé l’effet de curiosité, l’intérêt pour ce nouveau type de recherches reste à confirmer. Enfin, Google bénéficie d’une certaine inertie des internautes. Pour faire bouger les lignes, la concurrence doit être “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, analyste chez Morgan Stanley.
Recettes publicitaires – Malgré ces débuts timides, Microsoft compte sur ChatGPT pour donner un coup de fouet aux recettes publicitaires de Bing. Selon le géant de Redmond, chaque point de pourcentage gagné en parts de marché se traduira par deux milliards de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire. La société prévoit aussi d’aller vite pour intégrer des liens sponsorisés aux résultats fournis par l’intelligence artificielle. Par exemple, pour un site de réservation d’hôtels lorsqu’un internaute prépare un voyage. Selon l’agence Reuters, des démonstrations ont déjà été réalisées auprès de grands annonceurs. L’an passé, avant même le lancement grand public de ChatGPT, Microsoft s’était fixé comme objectif de doubler ses revenus publicitaires.
Pour aller plus loin:
– Après le succès de ChatGPT, Google lance la riposte
– Microsoft investit plusieurs milliards de dollars dans ChatGPT
