Cette fois-ci, c’est vraiment fini pour les Google Glass, onze ans après leur présentation. Et sans jamais avoir concrétisé les promesses qu’elles avaient laissées entrevoir. La semaine dernière, le moteur de recherche a interrompu la commercialisation de ses lunettes, qui resteront le symbole d’une époque où il investissait sans compter dans des projets futuristes. Passé l’enthousiasme des débuts, elles n’avaient jamais trouvé leur public. Depuis 2017, elles n’étaient d’ailleurs vendues qu’aux entreprises. Malgré cet échec, Google assure ne pas avoir abandonné ses ambitions dans la réalité augmentée. Depuis l’été dernier, il teste d’ailleurs plusieurs prototypes de lunettes, permettant notamment de traduire en temps réel une conversation ou d’indiquer un itinéraire.
Peu d’applications – Au départ, les Glass n’étaient pas à proprement parler des lunettes, puisqu’elles n’avaient pas de verres. Au-dessus de l’œil droit, un petit écran transparent affichait menus, e-mails, photos… Cela s’apparentait à regarder une petite télévision flottant 2-3 mètres devant soi. De nombreuses raisons peuvent expliquer leur échec: leur prix élevé, initialement fixé à 1.500 dollars, leur design trop futuriste ou encore le rejet qu’elles avaient suscité, notamment en raison de craintes sur la vie privée. Surtout, les lunettes n’ont jamais prouvé leur utilité. L’expérience promise lors de la vidéo de présentation était très loin de celle qui était véritablement proposée. Aussi bien en termes d’ergonomie que d’applications disponibles.
Marché professionnel – Très vite, les Glass se sont ainsi retrouvées dans une spirale infernale: sans killer app, impossible d’attirer des utilisateurs et donc de convaincre les développeurs de concevoir des applications. Face à ces différents problèmes, Google a bien cherché des solutions. Par exemple, la société a noué un partenariat avec Luxottica, la maison mère de Ray-Ban, pour concevoir de nouvelles montures – qui n’ont cependant jamais vu le jour. Elle a également appelé à la rescousse Tony Fadell, le créateur de l’iPod. En 2015, Google interrompt une première fois la commercialisation. Puis, lance deux ans plus tard une deuxième version exclusivement destinée au marché professionnel, sur lequel le prix et le design importent moins.
Moonshots – Les Glass ont été lancées au sein de Google X, le laboratoire travaillant sur des projets futuristes, voire fantaisistes. Baptisés moonshots en interne, ils symbolisaient la volonté du groupe de Mountain View, sous l’impulsion de ses fondateurs, Larry Page et Sergey Brin, de réinvestir une partie de ses gigantesques profits pour s’attaquer “aux problèmes les plus difficiles à résoudre”. C’est aussi dans cette structure que sont nées les voitures sans conducteur, depuis nichées dans une nouvelle entreprise appelée Waymo. Cependant, très peu de projets ont abouti à quelque chose de concret. Sans compter tous ceux qui n’ont jamais suffisamment avancé pour être révélés au public. Depuis quelques années, Google a largement réduit ses dépenses dans le domaine.
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