Par , publié le 27 mars 2023

“Le moment iPhone de l’intelligence artificielle”. Jensen Huang, le patron de Nvidia, ne cesse de se réjouir des impressionnants progrès de l’IA générative, illustrés par le robot conversationnel ChatGPT ou encore par le générateur d’images Midjourney. Et pour cause: le fabricant américain de processeurs graphiques doit faire partie des grands gagnants de l’essor attendu de cette technologie, qui a déclenché un “sentiment d’urgence” dans les entreprises. “Les start-up se précipitent pour faire émerger des technologies et des modèles économiques de rupture, pendant que les grandes entreprises cherchent la riposte”, souligne le dirigeant. Des perspectives qui font saliver Wall Street: depuis le début de l’année, le cours de l’action de la société a quasiment doublé.

Informatique “accélérée” – Fondé en 1993, Nvidia a connu une croissance très forte ces dernières années en anticipant les limites de la loi de Moore, sur la hausse exponentielle de la puissance informatique. Son idée: “accélérer” les processeurs en les couplant avec des cartes graphiques, jusqu’alors principalement utilisées pour doper les performances des jeux vidéo. Depuis, ses produits équipent les voitures sans conducteur et sont utilisés dans la robotique, la ville connectée, l’imagerie médicale ou encore le minage de cryptomonnaies. Surtout, ils ont envahi les data centers, où ils ont d’abord participé à l’entraînement des algorithmes de machine learning. Et plus récemment, à celui des modèles d’intelligence artificielle générative, capables de créer des textes, des photos et des vidéos.

Plus de 10.000 dollars pièce – Sur ce nouveau marché, qui nécessite une très grande puissance de calcul, Nvidia se retrouve en position de force. Ses processeurs graphiques dédiés à l’intelligence artificielle sont considérés comme les plus avancés. Ils sont ainsi utilisés par les plus gros acteurs du secteur pour entraîner puis faire tourner leurs IA génératives. Le supercalculateur construit par Microsoft pour les modèles d’OpenAI, le concepteur de ChatGPT, intègre ainsi des “dizaines de milliers” de cartes A100, explique l’agence Bloomberg. La semaine dernière, Nvidia a annoncé qu’Oracle allait acheter 16.000 cartes de nouvelle génération H100. Amazon Web Services pourrait en acquérir 20.000. Le prix de ces composants varie, selon les configurations, entre 10.000 et plus de 30.000 dollars.

Services cloud – Le potentiel commercial est immense. Les analystes de Citi estiment que ChatGPT, seul, pourrait générer entre 3 et 11 milliards de dollars de ventes additionnelles cette année pour Nvidia. L’intelligence artificielle générative pourrait également donner un coup de fouet à ses offres dans le cloud. En partenariat avec Oracle, et bientôt avec Microsoft et Google, la société vient de lancer une nouvelle offre permettant aux entreprises de louer ses supercalculateurs DGX, composés de 8 GPU, pour entraîner leurs modèles. L’abonnement mensuel est proposé à partir de 37.000 dollars. Nvidia leur propose aussi un autre service pour accéder, personnaliser, à l’aide de leurs propres données, puis faire tourner des modèles pré-entraînés de génération de textes, de photos et de vidéos.

Pour aller plus loin:
– Après le succès de ChatGPT, les investisseurs se ruent sur l’intelligence artificielle
– Dans l’impasse, Nvidia abandonne le rachat d’Arm


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