Par , publié le 17 avril 2023

Avec plus de 15 millions de visionnages en seulement deux jours, le dernier titre de Drake et The Weeknd a créé l’événement sur TikTok. Pourtant, les deux chanteurs canadiens n’ont rien à voir avec ce carton: leur voix a en effet été générée par une intelligence artificielle. Si le phénomène n’est pas récent, il est appelé à prendre de l’ampleur considérable avec la démocratisation de nouveaux outils d’IA générative, capable de recréer des voix, d’écrire des paroles et de composer des mélodies en s’inspirant du style de n’importe quel artiste. Cette perspective commence sérieusement à inquiéter l’industrie du disque, qui redoute notamment de perdre une partie des royalties versées par les plateformes de streaming musical. D’autant plus que la législation actuelle sur les droits d’auteur n’est pas adaptée.

Entraînement des algorithmes – Face à la menace, Universal Music Group (UMG) a déjà lancé la riposte. La grande maison de disques, qui représente Drake et The Weeknd, a demandé l’aide de Spotify, Apple et leurs concurrents, rapporte le Financial Times. Elle souhaite en particulier interdire aux outils d’intelligence artificielle de télécharger son catalogue dans le but d’entraîner leurs modèles. Le quotidien britannique ne précise pas si les spécialistes du streaming ont répondu favorablement à cette requête. Si aucune loi ne semble pouvoir justifier ce type de demande, UMG peut cependant compter sur ses bonnes relations avec les diffuseurs. Début avril, YouTube avait ainsi supprimé une vidéo populaire d’une chanson reproduisant la voix d’Eminem, lui aussi représenté par la major.

Réglementation européenne – Au-delà, l’industrie du disque apparaît démunie pour contrer la montée des chansons générées par l’intelligence artificielle. Les droits d’auteur, tels qu’ils sont aujourd’hui définis, n’empêchent pas un robot de s’inspirer d’un artiste pour écrire des paroles ou composer une mélodie. La voix d’un chanteur n’entre, par ailleurs, pas dans le champ d’application de la propriété intellectuelle. La seule solution consisterait à obtenir une rémunération pour l’utilisation des chansons au cours de l’entraînement des modèles. Mais rien n’est garanti. À ce titre, la plainte déposée par la banque d’images Getty contre la start-up Stability AI, accusée d’avoir utilisé des millions de clichés protégés, sera particulièrement surveillée. Tout comme le projet de réglementation en négociation à Bruxelles.

Recevoir les royalties – En attendant, les outils d’IA générative pourraient permettre à de nombreuses personnes de créer des chansons, en reprenant la voix d’artistes ou en s’inspirant simplement de leur style. Puis, d’inonder les plateformes de streaming musical, d’accumuler les écoutes et de recevoir des royalties. Cela se ferait au détriment des artistes, qui pourraient accuser une baisse relative de leurs écoutes et donc de leurs rémunérations. La menace est d’autant plus grande que certains services se mettent également à concevoir d’innombrables chansons avec ces nouveaux outils. Selon la publication spécialisée Music Business Worldwide, le chinois Tencent a ainsi déjà créé plus de 1.000 titres avec une IA. Dont une chanson qui a accumulé plus de 100 millions d’écoutes.

Pour aller plus loin:
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