Par , publié le 29 mai 2023

Après plusieurs refus et autant de promesses non tenues, Neuralink a enfin obtenu le feu vert des autorités sanitaires américaines pour tester ses implants cérébraux sur des humains. L’information, partagée par la start-up d’Elon Musk, n’a pas été confirmée, ni démentie, par la FDA, qui ne communique pas sur les autorisations d’essais cliniques. Elle représenterait une étape importante, alors que le régulateur avait soulevé, selon l’agence Reuters, des dizaines de problèmes, comme la fiabilité de la batterie ou les risques liés à la pose, une procédure particulièrement invasive, qui requiert de découper un trou dans le crâne. Neuralink a ouvert une campagne de recrutement de volontaires, limitée aux patients souffrant de paraplégie, de cécité, de surdité et d’aphasie. Mais elle ne s’est pas engagée sur un calendrier.

Soigner Alzheimer – Fondée en toute discrétion à l’été 2016, Neuralink ambitionne de concevoir une interface cerveau-ordinateur, grâce à un petit implant, de la taille d’une petite pièce de monnaie, équipé de milliers d’électrodes. Les premiers cas d’usage doivent être médicaux, permettant par exemple de “réparer les lésions cérébrales qui ont fait perdre une capacité cognitive à une personne”, expliquait Elon Musk en 2017. Il citait alors les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. Fin 2022, lors d’un événement présentant les avancées de sa start-up, il a également promis de s’attaquer à la cécité et à la paralysie. Des promesses qui peuvent sembler “miraculeuses”, selon le propre aveu du patron de Tesla. Et qui suscitent de nombreuses réserves au sein de la communauté scientifique.

Capacités humaines – Elon Musk voit encore plus grand: il promet également des utilisations grand public, mais “pas avant 2025”. L’objectif sera alors d’augmenter les capacités humaines, explique-t-il. Cela pourrait permettre de contrôler une machine ou de télécharger ses pensées directement sur un ordinateur. Et donc de communiquer avec un autre humain. “Nous n’aurons plus besoin de verbaliser nos pensées”, anticipe le milliardaire. Depuis 2017, Neuralink mène des tests sur des singes et des cochons. Mais les progrès ont été moins rapides qu’espéré. Et les méthodes employées seraient sous le coup d’une enquête pour maltraitance animale. L’an passé, une association assurait que seulement sept des 23 singes utilisés lors d’essais entre 2017 et 2020 avaient survécu.

Promesses inatteignables ? – Neuralink n’est pas la première société autorisée à tester des implants cérébraux sur des humains. Mais ses rivales, comme la start-up Synchron, ont opté pour des procédures et des appareils moins invasifs. Elles affichent aussi des promesses beaucoup moins ambitieuses, quand celles d’Elon Musk apparaissent inatteignables. Ses détracteurs lui reprochent de multiplier les effets d’annonce, survendant des avancées déjà réalisées dans le monde académique. Et faisant miroiter des applications médicales encore beaucoup trop incertaines. Quand la communauté scientifique espère rétablir quelques fonctions basiques, le milliardaire ne voit, lui, pas de “limites pour restaurer le fonctionnement intégral du corps d’une personne dont la moelle épinière a été sectionnée”. 

Pour aller plus loin:
– Neuralink rejette les accusations de maltraitance animale
– Theranos, le procès des excès de la Silicon Valley


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité