Par , publié le 13 juin 2023

Les internautes européens devront encore patienter avant de pouvoir tester Bard, le robot conversationnel de Google, pourtant disponible depuis mai dans 180 pays. Mardi, la Commission irlandaise de protection des données (DPC) a révélé que le lancement sur le continent était initialement prévu cette semaine. Mais qu’il avait été repoussé à sa demande. Le régulateur explique que le moteur de recherche américain ne lui a pas communiqué suffisamment d’informations pour qu’il puisse s’assurer du respect des obligations imposées par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Google assure toujours vouloir lancer en Europe son rival de ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui menace sa position dominante. Sans toutefois communiquer la moindre date.

Analyse d’impact – Les difficultés de Google contrastent avec la situation d’OpenAI, qui a déployé son chatbot sur le continent fin 2022. Elles s’expliquent par une disposition du RGPD, qui impose une analyse d’impact relative à la protection des données (IAPD) pour tout nouveau produit “susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés”. C’est ce document que le groupe américain n’a pas fourni à la DPC irlandaise, son autorité de référence dans le cadre du “guichet unique” prévu par la législation européenne. OpenAI n’a pas ouvert de bureau en Europe. Et n’est donc pas régulé par une seule autorité nationale, devant être consultée avant de lancer un service. Cela ne l’exonère pas pour autant de réaliser une IAPD. En avril, les autorités allemandes ont d’ailleurs ouvert une enquête sur la question.

Task force européenne – L’émergence rapide et inattendue des intelligences artificielles génératives suscite de nombreuses interrogations au sein des autorités de protection des données personnelles. Fin mars, ChatGPT avait été bloqué en Italie, en raison de “l’absence de base légale” justifiant la collecte de données. L’accès a été rétabli depuis, mais l’enquête se poursuit. En France, au moins trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil. Et une task force a été lancée par l’organisation regroupant l’ensemble des régulateurs européens. Parallèlement, de nouvelles règles sont en discussion à Bruxelles, qui obligeront notamment les services d’IA générative à déclarer si des contenus protégés par le droit d’auteur ont été utilisés pour entraîner leur modèle. Des règles qui inquiètent OpenAI.

Accélération – Le report du lancement européen de Bard intervient alors que Google souhaite désormais accélérer sa riposte à ChatGPT. En plus du déploiement dans 180 pays, Bard est maintenant accessible à tous les internautes, alors qu’il était jusqu’à présent réservé à un petit nombre d’utilisateurs. Le robot conversationnel est par ailleurs disponible en japonais et en coréen, en plus de l’anglais. Et 40 langues supplémentaires seront ajoutées “prochainement”. Bard pourra également bientôt intégrer des images à ses réponses, et aussi analyser des images incluses dans les requêtes. La plateforme va, par ailleurs, s’enrichir d’intégrations avec d’autres services de Google comme Maps et Google Docs. Adobe, Spotify, Uber Eats, Tripadvisor ou encore OpenTable proposeront également des extensions.

Pour aller plus loin:
– Le double discours d’OpenAI sur la régulation de l’IA
Google combine ses laboratoires de recherche en IA


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