Par , publié le 23 avril 2023

Face à la menace, Google veut mettre les rivalités internes de côté. Secoué par l’arrivée de ChatGPT, le groupe de Mountain View a annoncé, la semaine dernière, la fusion de ses deux laboratoires de recherche en intelligence artificielle. Les équipes de chercheurs de DeepMind et de Brain – une branche de son unité Google Research – travailleront désormais main dans la main, au sein d’une nouvelle division baptisée Google DeepMind. “En combinant tous les talents au sein d’une seule équipe, soutenue par les ressources informatiques de Google, nous allons considérablement accélérer nos progrès en intelligence artificielle”, prédit Sundar Pichai, le patron de Google. Et d’espérer que leurs recherches “aideront à alimenter la prochaine génération de nos produits et services”.

“Code rouge” – Ce rapprochement intervient à un moment charnière pour Google. Longtemps leader dans l’intelligence artificielle, le moteur de recherche a été pris de vitesse dans le déploiement des IA génératives, capables de créer des textes, des images ou des chansons. Et notamment par Microsoft, le premier actionnaire d’OpenAI, le concepteur du robot conversationnel ChatGPT. Ces derniers mois, l’éditeur de Windows a en effet passé la vitesse supérieure, intégrant ces outils à son moteur de recherche Bing, à sa suite bureautique Office ou encore à son cloud Azure. Cette offensive avait déclenché un “code rouge” chez Google, qui souhaite désormais ajouter une couche d’IA générative dans l’essentiel de ses produits. À commencer par son moteur de recherche, le cœur de son activité… et de ses profits.

Jeu de go – Fondé en 2010, DeepMind avait été racheté par Google quatre ans plus tard pour un prix estimé à plus de 500 millions de dollars. La filiale britannique s’est ensuite distinguée avec ses IA capables de battre des champions du jeu de go ou de modéliser des protéines. Elle ne commercialise aucun produit à l’extérieur. L’ensemble de son chiffre d’affaires provient de Google, qui la rémunère pour utiliser ses technologies dans Android, Maps ou encore les voitures autonomes de Waymo. Pendant plusieurs années, ses dirigeants ont essayé de bénéficier d’une plus grande autonomie, espérant même devenir une organisation à but non lucratif consacrée à la recherche fondamentale. Sans succès. En début d’année, ses dépenses avaient été réintégrées aux coûts “corporate” du groupe. Un signe annonciateur.

Contrer ChatGPT – De son côté, Google Brain est à l’origine de plusieurs avancées majeures du moteur de recherche dans l’IA. La division a notamment conçu TensorFlow, l’un des outils open source de référence dans le domaine de l’apprentissage automatique. Elle a aussi développé le réseau de neurones Transformer, utilisé par une grande partie des modèles d’IA générative, en particulier GPT sur lequel s’appuie ChatGPT. Selon le site The Information, les deux équipes collaboraient déjà depuis quelques semaines pour concevoir un grand modèle de langage, baptisé Gemini, pouvant rivaliser avec GPT-4, lancé mi-mars par OpenAI. Celui-ci doit notamment permettre d’améliorer Bard, le chatbot de Google, qui reste encore moins performant que son grand rival.

Pour aller plus loin:
– Malgré ChatGPT, Bing perd des parts de marché
– Pourquoi Microsoft conçoit sa propre puce dédiée à l’intelligence artificielle


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