Par , publié le 11 septembre 2023

Vingt-cinq ans après Microsoft, c’est au tour de Google de retrouver le gouvernement américain devant la justice. À partir de mardi, un tribunal fédéral va examiner pendant les dix prochaines semaines les poursuites antitrust visant le groupe de Mountain View, accusé d’utiliser des méthodes illégales pour maintenir sa position dominante dans la recherche en ligne. Un procès à gros enjeu pour Google, qui risque de se voir imposer d’importants changements pouvant se répercuter sur son chiffre d’affaires. Et aussi un démantèlement, même si les experts judiciaires estiment ce scénario hautement improbable. Mais l’affaire est aussi cruciale pour le Département de la justice (DOJ), dans sa volonté de hausser le ton face à la domination des géants technologiques américains.

Accord avec Apple – Ce procès, déjà qualifié d’historique, est l’aboutissement d’une longue procédure, lancée il y a trois ans sous la présidence Trump. Puis, poursuivie par l’administration Biden. Les autorités reprochent à Google d’obliger les fabricants de smartphones Android à pré-installer son moteur, sous peine de ne plus avoir accès à l’indispensable boutique d’applications Play Store. Et également d’avoir signé des accords commerciaux, notamment avec Apple, Samsung et Mozilla, le concepteur de Firefox, pour s’assurer d’être le moteur par défaut de leur navigateur. La société profiterait ainsi de la position dominante d’Android et de sa puissance financière pour empêcher l’émergence de véritables rivaux. Aux États-Unis, Google s’accapare 89% des recherches, selon les estimations du cabinet Statcounter.

“Les gens veulent utiliser Google” – Le partenariat avec Apple devrait être au centre du procès. Non seulement parce que Google aurait versé 18 milliards de dollars l’an passé au groupe à la pomme, selon les analystes de Sanford Bernstein. Mais aussi parce que le DOJ dispose d’un e-mail dans lequel des responsables des deux sociétés s’engagent à “travailler comme si nous n’étions qu’une seule entreprise”. Pour défendre ses pratiques, Google assure qu’il est facile de changer le moteur par défaut. “Les gens n’utilisent pas Google parce qu’ils n’ont pas le choix, ils l’utilisent parce qu’ils le veulent”, souligne Kent Walker, son directeur juridique. Pour preuve, ajoute-t-il, le terme “Google” est le plus recherché par les internautes sur Bing, le moteur par défaut sur Windows et sur le navigateur Edge de Microsoft.

Interprétation – Mais alors pourquoi dépenser autant d’argent ? La société assure qu’il s’agit simplement de mieux mettre en avant son moteur, comme le ferait une marque de céréales pour placer ses produits en tête de gondole dans un supermarché. Le DOJ estime, de son côté, que Google perdrait des milliards de dollars au profit de ses rivaux s’il n’était plus le moteur par défaut. L’issue du procès pourrait reposer sur une interprétation des lois antitrust américaines, qui datent de 1890. Celles-ci ne se basent pas sur les dommages subis par les rivaux d’une entreprise, mais par les consommateurs, notamment par l’intermédiaire d’une hausse de prix. Or, Google est accessible gratuitement. Mais le DOJ va essayer de prouver que sa position dominante a privé les consommateurs d’innovations dans le secteur.

Pour aller plus loin:
– Les Etats-Unis veulent démanteler la machine publicitaire de Google
– Six géants technologiques ciblés par le Digital Markets Act européen


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