Par , publié le 11 septembre 2023

En mars 2021, en pleine crise sanitaire, la valorisation d’Instacart s’était envolée à 39 milliards de dollars (36,5 milliards d’euros). Pour sa prochaine introduction en Bourse, normalement la semaine prochaine, la plateforme américaine de livraison de courses ne vise plus, au mieux, qu’une valorisation de 9,3 milliards. Entre ces deux dates, le contexte a bien changé. L’euphorie autour des valeurs technologiques a pris fin brutalement. Et peu de start-up s’aventurent à entrer à Wall Street. Les performances de la société basée à San Francisco, et dirigée par la française Fidji Simo, ancienne responsable de Meta, seront donc scrutées de près par les nombreuses start-up qui espèrent toujours franchir le pas. À condition certainement d’accepter de revoir leurs prétentions à la baisse.

Publicité – Lancé en 2012, Instacart a été l’un des pionniers de la livraison de courses du quotidien aux Etats-Unis, instaurant un nouveau modèle sans entrepôts – ses shoppers récupèrent les produits dans les rayons des supermarchés du quartier. Son activité a connu un bond pendant la pandémie. Depuis deux ans cependant, la société accuse un net ralentissement de sa croissance. Sur les six premiers mois de l’année, le nombre de commandes réalisées sur son site est resté stable. Pour séduire Wall Street, Instacart possède cependant deux arguments. D’abord, la start-up est devenue rentable, avec un bénéfice net de 242 millions de dollars au premier semestre. Ensuite, son activité publicitaire, qui génère des marges élevées, continue de progresser, représentant près de 30% de son chiffre d’affaires.

Baisse de la valorisation – Si Instacart a pu s’ouvrir les portes du Nasdaq, c’est aussi parce que ses dirigeants ont adopté une stratégie inhabituelle. Par deux fois, ils ont abaissé volontairement la valorisation de la société, ramenée d’abord à 24 milliards début 2022, puis à 12 milliards début 2023. Une telle initiative est particulièrement rare dans le monde des start-up, qui acceptent généralement de baisser leur valeur uniquement pour pouvoir attirer des investisseurs dans des moments difficiles, afin de mener un nouveau tour de table. Cette décision s’expliquait aussi par des objectifs de recrutement et de rétention des salariés. La société offre en effet une partie de sa rémunération en actions: plus la valeur de chaque titre est élevée, voire survalorisée, et moins le potentiel de gain est important pour les employés.

Retour des IPO ? – Dans la Silicon Valley, beaucoup espèrent que les premiers pas boursiers d’Instacart – plus que ceux à venir d’Arm – enclenchent une nouvelle dynamique capable de relancer les IPO technologiques. Depuis le début de l’année, aucune opération d’envergure n’a en effet eu lieu aux Etats-Unis. Pourtant, ces derniers mois, les marchés boursiers sont repartis de l’avant. Et certaines valeurs technologiques ont enregistré des gains significatifs. Le problème n’est plus le contexte boursier ou les inquiétudes macroéconomiques, ce sont les valorisations des start-up encore non cotées. Des valorisations démesurées qui ne se justifient pas aux yeux des investisseurs de Wall Street. Pour aller en Bourse, l’immense majorité de ces entreprises devront donc accepter, comme Instacart, une forte décote.

Pour aller plus loin:
– Les introductions en Bourse des sociétés technologiques au ralenti
Clap de fin pour la livraison ultrarapide de courses en France


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