Par , publié le 12 septembre 2023

Pour savoir où en est le projet de modem 5G développé en interne par Apple, il suffit d’écouter Qualcomm, son fournisseur actuel. Lundi, le spécialiste américain a annoncé le renouvellement pour trois ans de son accord commercial avec le groupe à la pomme, qui devait initialement se terminait à la fin de l’année. Traduction: Apple a pris du retard. Et les nouveaux modèles d’iPhone, dévoilés mardi soir, ne seront pas les derniers à être équipés de puces réseau conçues par Qualcomm. Celui-ci enregistre ainsi une double victoire. Commerciale d’abord, alors que ce méga-contrat aurait généré 7,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022, selon les estimations des analystes d’UBS. Symbolique ensuite, prouvant qu’il est particulièrement difficile de rivaliser avec ses composants.

Composant essentiel – Les puces réseau sont un élément primordial des smartphones, leur permettant de se connecter au réseau mobile. Et donc de téléphoner et de naviguer sur Internet. Leur conception est particulièrement complexe. Elles doivent notamment fonctionner avec la multitude de fréquences radio et d’équipements utilisés par les différents opérateurs. Et être capables de basculer instantanément entre la 3G, la 4G et la 5G. À ce petit jeu, Qualcomm est reconnu comme le meilleur. Et encore plus sur la 5G. Ses puces équipent donc la majorité des smartphones, dont les iPhone. Le groupe s’attend désormais à perdre progressivement du terrain chez Apple jusqu’en 2026, date à laquelle il anticipe que seulement 20% des iPhone intégreront ses modems. Sauf nouveau contretemps…

Conflit avec Qualcomm – Cela fait des années qu’Apple souhaite s’émanciper des puces réseau de Qualcomm, dénonçant des redevances jugées excessives et multipliant les procédures judiciaires à partir de 2017. Pour y parvenir, la société de Cupertino a d’abord parié sur Intel. Mais le premier fabricant mondial de semi-conducteurs n’a pas été en mesure de concevoir une puce 5G à temps, obligeant Apple à abandonner, en 2019, les poursuites contre Qualcomm. Et à lui racheter des puces, afin de ne pas laisser le champ libre à Samsung dans la 5G. C’est à ce moment-là qu’elle a décidé de travailler sur sa propre puce réseau, rachetant notamment la division 5G d’Intel pour un milliard de dollars. Depuis, le projet s’est notamment heurté à des problèmes de surchauffe et de consommation énergétique.

Pas que les puces 5G – Les efforts d’Apple s’inscrivent dans une stratégie d’internalisation lancée en 2010 avec la conception d’un processeur maison, basé sur l’infrastructure Arm, dont les évolutions équipent tous les iPhone et iPad. En 2020, la société a remplacé les microprocesseurs d’Intel dans ses ordinateurs Mac. Elle souhaite aussi concevoir ses propres puces Wifi et Bluetooth, actuellement produites par Broadcom. Cette évolution doit permettre à Apple d’innover à son rythme et dans les domaines jugés prioritaires, sans être dépendant des avancées technologiques de ses fournisseurs. Et ainsi de différencier encore plus ses produits de la concurrence, mettant régulièrement en avant ses gains de puissance ou d’autonomie. À terme, malgré de lourds investissements, elle également aussi espérer réaliser des économies.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi Apple veut s’émanciper de ses fournisseurs
– Les smartphones 5G décollent… mais pas les abonnements


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