Par , publié le 19 septembre 2023

“2023 n’est pas si catastrophique: la French Tech va faire largement mieux qu’en 2019”. Cette confidence d’un acteur du secteur peut paraître surprenante. En début d’année, nombreux étaient ceux qui s’enorgueillissaient de la “résilience” de l’écosystème tricolore, capable de lever 13,6 milliards d’euros en 2022, dans un contexte international très difficile. Un record, mais un record en réalité en trompe-l’œil. Après une période faste, dopée par la crise sanitaire et un afflux de liquidités en raison des politiques accommodantes des banques centrales, la French Tech enregistre “un retour assez naturel à la normale”, concède Maya Noël, la directrice générale de France Digitale, qui organise ce mercredi son événement annuel, le FDDay. L’occasion pour le lobby des start-up de “prendre le pouls” du secteur.

“Des grosses boîtes vont tomber” – À vrai dire, la French Tech ne sait plus vraiment sur quel pied danser. Après s’être longtemps convaincue que les difficultés ne seraient que passagères, elle est bien obligée, plus d’un an après les premiers signes de ralentissement, de se rendre à l’évidence. À l’optimisme à toute épreuve, symbolisé par les célébrations à outrance des nouvelles licornes, a ainsi succédé le doute. Voire le catastrophisme, entre manque de liquidités, plans de départs et redressements judiciaires. “Tôt ou tard, des grosses boîtes vont tomber”, prophétisait cet été Jean de La Rochebrochard, associé chez Kima, le fonds d’investissement de Xavier Niel, après la faillite de deux start-up de son portefeuille. Et de prédire que “les six à dix-huit prochains mois seront certainement difficiles”.

Rentabilité – Désorientée, la tech française cherche désormais une nouvelle boussole. Fini l’aiguille des levées de fonds, qui ont chuté de moitié, et des valorisations record. Place à celle de la rentabilité et du chiffre d’affaires. “Le meilleur argent reste celui des clients”, souligne Maya Noël. Sur ce point, France Digitale se montre relativement positive. Dans un baromètre publié la semaine dernière, l’association souligne que le chiffre d’affaires de son panel de 500 start-up a augmenté de 32% en 2022, soit une croissance supérieure à celle enregistrée en 2021. Seulement 8% d’entre elles indiquent vouloir réduire leurs effectifs. En outre, 30% des sociétés interrogées assurent être déjà rentables (sans préciser sur quelle base). Et plus de la moitié prévoient de l’être au cours des trois prochaines années.

Curseur – Face à la chute des levées de fonds, les entrepreneurs ont dû changer de logiciel, délaissant l’hypercroissance à tout prix et limitant leurs dépenses pour réduire leur consommation de trésorerie. “L’important c’est d’avoir une trajectoire vers la rentabilité”, souligne Maya Noël. Mais Jean de La Rochebrochard redoute, lui, que les coupes budgétaires ne soient pas assez fortes. Cette bascule est aussi imposée par les fonds de capital-risque, beaucoup plus réticents à financer les start-up aux perspectives lointaines. Le risque désormais, c’est que le curseur ne se déplace trop fortement de ce côté, craint Maya Noël. “Une start-up n’est pas faite pour être rentable tout de suite, rappelle-t-elle. Elle est en phase d’accélération commerciale ou de R&D, pendant laquelle elle dépense plus d’argent qu’elle n’en gagne”.

Pour aller plus loin:
– Dans la French Tech, la reprise des levées de fonds se fait attendre
– La French Tech n’échappe plus à la vague de licenciements


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