Par , publié le 2 octobre 2023

C’est un scandale de plus pour une plateforme qui les multiplie. Il y a dix jours, un streamer a diffusé en direct sur Kick une vidéo dans laquelle il tente de piéger une prostituée, l’empêchant temporairement de quitter son domicile. Et suscitant l’hilarité du tout aussi controversé patron du site, présent dans le chat. Devant le tollé suscité par cet incident, notamment auprès d’une partie de ses utilisateurs, dont certains menacent de s’en aller, ce nouveau rival de Twitch a promis de mettre à jour sa politique de modération. Une affirmation à prendre cependant avec de grandes précautions tant Kick, qui revendique plus de 20 millions d’inscrits moins d’un an après son lancement, a bâti en partie son succès sur une approche particulièrement laxiste de la modération des contenus.

Casino en ligne – Créé fin 2022, Kick fait également parler pour les autres activités de ses deux fondateurs, également à l’origine de Stake.com, un casino en ligne officiellement enregistré dans le paradis fiscal de Curaçao. De nombreux streamers y diffusent ainsi leurs parties (le plus souvent offertes), invitant leur audience à parier en cryptomonnaie sur Stake. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si Kick a vu le jour juste après l’interdiction du casino sur Twitch. La plateforme reste encore loin de rivaliser avec le pionnier du streaming vidéo, racheté en 2014 par Amazon pour près d’un milliard de dollars. Mais son audience augmente rapidement. Selon les estimations de Streamscharts, elle a cumulé 106 millions d’heures de visionnage en septembre, deux fois plus qu’en avril. Mais aussi 15 fois moins que Twitch.

Partage des revenus – Kick capitalise sur certaines pratiques du leader du marché. Elle a d’abord attiré tous les streamers qui ont été bannis ou sanctionnés par Twitch – et avec eux, une audience qui remet en cause ses règles de modération. Elle vise désormais les utilisateurs mécontents de la politique de rémunération des créateurs, qui a été modifiée à leur désavantage en juin. Hormis quelques exceptions, Twitch prélève la moitié des recettes générées par les abonnements payants aux chaînes. Sur Kick, le partage des revenus est beaucoup plus généreux: les streamers conservent 95%. La plateforme promet aussi de lancer un programme permettant aux petits créateurs, qui compte une audience faible et donc peu d’abonnements, de les rémunérer à l’heure, probablement grâce à la diffusion de spots publicitaires.

Gros contrat – Kick n’a aussi pas hésité à signer de très gros chèques pour débaucher plusieurs streamers vedettes. En juin, la société a offert un contrat record, compris entre 70 et 100 millions de dollars sur deux ans, au Canadien xQc, qui totalisait à l’époque près de 12 millions d’abonnés sur Twitch. Quelques jours plus tard, l’Américaine Amouranth annonçait aussi son transfert, pour un montant non dévoilé. Plusieurs fois suspendue par Twitch, notamment pour ses vidéos en bikini, elle y comptait plus de six millions d’abonnés. Pour l’instant, leur audience ne les a pas suivis: le premier ne compte que 550.000 abonnés sur Kick et la seconde moins de 170.000. Une mésaventure qu’avait déjà connue la plateforme Mixer de Microsoft, qui avait aussi tenté le pari de recruter quelques vedettes à prix d’or. Sans succès.

Pour aller plus loin:
– Comment Amazon est devenu un poids lourd de la publicité
– TikTok lance des abonnements payants


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