Par , publié le 4 octobre 2023

L’issue semble inéluctable pour WeWork. Mois après mois, l’ancienne start-up vedette, un temps valorisée à 47 milliards de dollars, se rapproche de la faillite – première étape vers une restructuration de sa dette ou vers une fermeture définitive. Mardi, elle n’a pas honoré le paiement d’intérêts liés à des emprunts obligataires. Une somme a priori modeste: à peine 95 millions de dollars. Si ses dirigeants dédramatisent, expliquant qu’ils disposent d’une période de grâce de 30 jours qu’ils souhaitent mettre à profit pour négocier avec les créanciers, ce nouvel épisode illustre l’extrême fragilité financière du spécialiste de la location de bureaux, dont la trésorerie est tombée à un niveau alarmant. En août, il avait reconnu qu’il existait un “doute substantiel sur [sa] capacité à poursuivre ses activités”.

Ambitions démesurées – WeWork continue de payer les excès du passé, quand Adam Neumann, son fondateur déchu, dépensait sans compter grâce à la confiance aveugle que lui accordaient ses investisseurs. En particulier Masayoshi Son, le patron de Softbank, obligé depuis de jouer régulièrement les pompiers de service pour éviter un effondrement. Pendant des années, la start-up a ainsi accumulé des pertes abyssales pour mener une expansion internationale démesurée, ouvrant plus de 800 espaces de coworking dans le monde – pour lesquels elle s’est engagée sur des baux de longue durée qui se chiffrent encore à plus de 13 milliards de dollars. La société continue ainsi d’être plombée par le montant des loyers qu’elle doit payer chaque mois. À eux seuls, ils représentent près de l’intégralité du chiffre d’affaires.

Lourdement endetté – Fortement pénalisé par la crise sanitaire, WeWork espérait profiter de la montée du télétravail, attirant les employés de grandes entreprises qui s’installent dans d’autres villes. En 2021, au moment de son entrée en Bourse, ses dirigeants anticipaient même un taux d’occupation des bureaux de 90% dès l’année suivante. Mais fin juin, celui-ci ne s’élevait qu’à… 72%. Pour survivre, WeWork s’est aussi lourdement endetté. Au 30 juin, sa dette se chiffrait à encore à 2,9 milliards de dollars, malgré un accord avec Softbank pour en effacer une partie et étaler les autres remboursements. Tous les trimestres, la charge de la dette représente plus de 100 millions. Et les profits, eux aussi promis par la direction, se font toujours attendre: au premier semestre, WeWork a accusé une perte nette de 700 millions de dollars.

Plan de sauvetage – Cette situation financière se traduit par une chute inquiétante de la trésorerie. Fin juin, la société ne disposait plus que de 205 millions de dollars dans ses caisses. Et d’une ligne de crédit encore disponible de 475 millions. De quoi tenir un peu plus de six mois sans une amélioration significative des performances financières. À peine arrivé, le nouveau directeur général par intérim, David Tolley, doit donc mener une véritable course contre la montre. Son plan de sauvetage table sur un contrôle des dépenses et sur une hausse des recettes, notamment en réduisant le taux de désabonnement. Et surtout sur une renégociation des loyers et de la dette, en faisant planer la possibilité d’une faillite qui serait beaucoup plus douloureuse pour les propriétaires et les créanciers.

Pour aller plus loin:
– WeWork tourne à prix d’or une page de son histoire
– Après des pertes abyssales, Softbank veut repasser à l’offensive


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