Par , publié le 18 octobre 2023

Nvidia pensait avoir trouvé la parade pour continuer à vendre en Chine ses cartes graphiques (GPU) dédiées à l’intelligence artificielle, malgré les restrictions sur les exportations. Mais Washington vient de refermer la faille dans laquelle le leader incontesté du marché s’était engouffré. Mardi, le département du Commerce a annoncé un élargissement de ses sanctions. Dans quelques semaines, les groupes chinois ne pourront donc plus, légalement et en l’absence d’autorisation gouvernementale délivrée aux compte-gouttes, se fournir en puces indispensables pour les derniers modèles d’IA générative. L’administration américaine justifie ces mesures par la volonté de protéger sa “sécurité nationale”, en s’assurant que des technologies américaines ne puissent pas servir les intérêts militaires de Pékin.

Puces moins puissantes – Il y a un an, Washington avait pris des dispositions drastiques pour limiter les exportations vers la Chine de puces avancées et d’équipements nécessaires à leur production. Ces restrictions affectent notamment les derniers GPU de Nvidia, considérés comme les plus performants dans le domaine de l’intelligence artificielle. La société avait riposté en lançant deux nouvelles puces, déclinaisons de ses produits phare, l’A100 et la plus récente H100. Baptisées A800 et H800, celles-ci restent capables d’entraîner des modèles, accusant simplement un petit déficit de performances. Mais elles ne correspondaient pas aux critères fixés, jusqu’à présent, par les États-Unis. Tencent, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance ont ainsi passé d’importantes commandes auprès de Nvidia.

Filiales étrangères – Les nouvelles mesures visent aussi à refermer d’autres brèches. Malgré les précédentes sanctions, il est encore possible d’acheter des A100 et H100 en Chine, révélait récemment une enquête menée par Reuters. Ces composants, vendus deux fois plus cher que le prix catalogue, sont obtenus par des sociétés basées dans d’autres pays. Pour y remédier, les sanctions s’appliqueront désormais aux filiales étrangères des entreprises chinoises. Et aussi à une quarantaine de pays alliés de Pékin, susceptibles de servir d’intermédiaires. Washington va également contraindre les fabricants de semi-conducteurs à les informer de la vente de puces qui ne sont pas visées actuellement, mais dont l’usage pourrait être détourné vers l’IA. Des demandes d’autorisations pourraient ainsi leur être imposées.

Le cloud pas concerné – En attendant une hypothétique puce locale, les groupes chinois risquent d’éprouver des difficultés pour poursuivre leur développement dans l’IA. Certes, ils ont constitué des stocks – selon le Financial Times, Nvidia devrait livrer 100.000 A800 cette année à Alibaba, Tencent, ByteDance et Baidu. Mais leur niveau ne pourrait pas suffire pour faire tourner les modèles existants et continuer d’en concevoir de nouveaux. Surtout, ces sociétés seront exclues des prochaines évolutions des GPU, dont les gains de puissance doivent permettre de réduire les coûts d’entraînement et d’inférence. Il leur reste une alternative: passer par des plateformes de cloud étrangères, qui peuvent se fournir auprès de Nvidia. Et qui ne sont pas, pour le moment, concernées par les restrictions américaines.

.Pour aller plus loin:
– Avec son dernier smartphone, Huawei déjoue les sanctions américaines
– Les Pays-Bas et le Japon s’alignent sur les sanctions contre la Chine


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité