Par , publié le 14 novembre 2023

Simple gadget pour les uns, véritable révolution pour les autres. La semaine dernière, la mystérieuse start-up américaine Humane a officiellement lancé – par l’intermédiaire d’une vidéo peu enthousiasmante – la commercialisation du produit qui lui a permis de lever 230 millions de dollars: un assistant vocal, dopé à l’intelligence artificielle générative, à porter sur soi, un peu comme une broche. L’appareil, baptisé AI Pin, est aussi équipé d’un petit projecteur laser, diffusant des images dans la paume de la main. Selon ses concepteurs, il doit ouvrir la voie à l’après smartphone, débarrassant ses utilisateurs des écrans qui ont envahi leur vie. Mais cette révolution annoncée est loin d’avoir démontré son intérêt. Et elle affiche un prix très élevé, qui soulève d’immenses doutes sur son potentiel commercial.

Connecté à ChatGPT – L’AI Pin reprend le principe des assistants vocaux comme Alexa d’Amazon ou le Google Assistant, déjà populaires sur les enceintes et les smartphones. Mais il pousse le principe plus loin: les réponses sont fournies par des robots conversationnels, en particulier ChatGPT, conçu par la start-up OpenAI, dont le patron, Sam Altman, fait partie des actionnaires de Humane. L’AI Pin peut ainsi répondre à des questions – avec les mêmes défauts que ChatGPT : dans la vidéo de présentation, il donne des informations incorrectes sur la prochaine éclipse solaire. Il peut aussi faire un résumé des mails et messages ratés pendant une journée. Il peut servir de traducteur en temps réel en recréant la voix de l’utilisateur. Et il permet, grâce à sa caméra, d’identifier des objets placés devant lui.

Abonnement mensuel – Disponible en précommandes à partir de jeudi aux États-Unis, pour des livraisons annoncées “début 2024”, l’AI Pin est vendu à 699 dollars (653 euros) – aucune information n’a été fournie sur un potentiel lancement à l’international. Ce prix apparaît encore plus important que l’appareil nécessite aussi un abonnement mensuel de 24 dollars, permettant de bénéficier d’appels illimités, d’héberger des photos et vidéos dans le cloud, et surtout de poser autant de questions que souhaité à l’assistant. Cette double tarification peut s’expliquer par la volonté d’Humane de se substituer aux smartphones, et pas uniquement d’être un simple complément. Mais elle reflète également une réalité économique: la start-up doit payer des frais aux services d’IA sur chaque requête effectuée par ses utilisateurs.

Pas d’applications – Lancée en 2018 par deux anciens d’Apple, Humane espère surfer sur deux tendances: la recherche de la prochaine plateforme dominante et l’engouement autour de l’intelligence artificielle générative. Une ambition aussi partagée par Sam Altman, associé avec John Ive, l’ancien designer vedette d’Apple. Ses dirigeants prévoient de produire 100.000 unités de cette première version. Avant de voir beaucoup plus grand. Mais au-delà de son prix, l’AI Pin semble encore manquer du plus important: une véritable proposition de valeur. Non seulement la start-up n’a pas dévoilé de killer app, capable de justifier l’achat de son appareil. Mais elle a aussi choisi d’en limiter le potentiel, en ne le dotant pas d’une boutique d’applications. Humane aura, peut-être, l’occasion de corriger le tir.

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