Par , publié le 14 novembre 2023

Nvidia n’a pas perdu de temps. Avant même l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions d’exportation vers la Chine, le géant américain des cartes graphiques (GPU) a déjà trouvé une nouvelle parade. Selon les informations de la presse chinoise, confirmées par le cabinet SemiAnalysis, il va en effet lancer dans le pays trois nouvelles puces dédiées à l’intelligence artificielle générative. Celles-ci ont été spécialement conçues pour respecter les limites de puissance annoncées mi-octobre par Washington afin de refermer la précédente brèche dans laquelle s’était engouffré le groupe de Santa Clara. “Nous pensions que les États-Unis avaient fermé toutes les failles imaginables, souligne SemiAnalysis. À notre grande surprise, Nvidia a quand même trouvé un moyen d’exporter des GPU hautes performances en Chine”.

À la limite de ce qui est autorisé – Baptisés H20, L20 et L2, ces trois accélérateurs peuvent entraîner et faire tourner des modèles d’IA générative, des tâches qui requièrent une importante capacité de calcul. Ils remplacent les A800 et H800, que Nvidia avait lancés il y a un an après les premières restrictions américaines. Mais leur vente en Chine sera interdite à partir de jeudi. Logiquement, ces puces affichent une puissance bien inférieure à la H100, la plus avancée de Nvidia. Mais la société américaine a poussé leurs capacités à la limite de ce qui est autorisé par la Maison blanche. “L’un des GPU est même 20% plus rapide que le H100 pour l’inférence (le processus de génération de réponses, ndlr), note SemiAnalysis. Il est plus proche du nouveau GPU que Nvidia lancera au début de l’an prochain que du H100 !”

“Sécurité nationale” – Ces nouveaux GPU représentent une bonne nouvelle pour Tencent, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance, dont les initiatives dans le domaine de l’IA générative reposent presque intégralement sur les composants de Nvidia. Ils contrarient en revanche les efforts de Washington, qui souhaite empêcher la Chine d’acheter des puces avancées et les équipements nécessaires à leur production. L’administration américaine justifie ces mesures par la volonté de protéger sa “sécurité nationale”, en s’assurant que des technologies américaines ne puissent pas servir les intérêts militaires de Pékin. En octobre, elle a ainsi refermé d’autres brèches de ses premières restrictions d’exportation, comme la possibilité pour les groupes chinois d’acheter ces composants en passant par des filiales étrangères.

Huawei en embuscade – Très critiques envers les restrictions sur les exportations, les dirigeants de Nvidia se montrent cependant rassurants, n’anticipant pas un “impact significatif immédiat”, selon sa directrice financière Colette Kress. Certes, la Chine représente entre 20% et 25% de l’activité data center, qui génère désormais plus de la moitié du chiffre d’affaires de la société. Mais toutes les exportations vers le pays ne vont pas être interdites. Surtout, la demande pour ses GPU dédiés à l’IA reste encore plus importante que ses capacités de production. Nvidia s’inquiète davantage des conséquences à long terme, redoutant une forte accélération des efforts chinois pour développer des puces rivales. Des craintes que les dernières avancées de Huawei dans le domaine semblent confirmer.

Pour aller plus loin:
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU
– Washington sanctionne deux start-up chinoises, rivales potentielles de Nvidia


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