Par , publié le 24 octobre 2023

Pour exclure la Chine des progrès de l’intelligence artificielle, les États-Unis ne se contentent plus de limiter sévèrement l’exportation de puces avancées et des équipements nécessaires à leur production. La semaine dernière, en marge d’un durcissement de leurs sanctions, ils ont aussi coupé les ailes de Biren Technology et Moore Threads, en les plaçant sur une liste noire qui leur interdit toute relation commerciale avec quasiment tous les acteurs du secteur. Ces deux start-up sont considérées comme les meilleurs espoirs du pays pour concevoir des alternatives aux cartes graphiques (GPU) américaines. Et ainsi pour fournir aux entreprises chinoises ces indispensables composants devant leur permettre de continuer à entraîner et à faire tourner leurs derniers modèles d’IA générative.

Menace pour Nvidia ? – Fondée en 2019 par des ingénieurs passés chez Nvidia et Qualcomm, Biren est la plus avancée des deux. La société “représente une menace plus grande à la domination de Nvidia qu’Intel, AMD ou Graphcore”, notait l’an dernier le cabinet SemiAnalysis, citant un employé du géant américain des GPU. Quelques mois plus tôt, Biren avait dévoilé un premier accélérateur dédié à l’IA, assurant offrir des performances trois fois supérieures à la puce A100 de Nvidia, qui était alors la référence du marché. Créée un an plus tard, également par des anciens de Nvidia, Moore Threads a lancé cette année la production de ses premières cartes graphiques, dont une est dédiée à l’IA générative. Les deux start-up ont respectivement levé 4,7 et 3,5 milliards de yuans, soit 605 et 450 millions d’euros.

Coupées de TSMC – Dans un contexte de tensions géopolitiques entre Pékin et Washington, Biren et Moore Threads affichent un point faible. Comme presque toutes les sociétés chinoises, elles sont dépendantes de technologies étrangères. Cela les place à portée de fusil des États-Unis, dont les sanctions s’appliquent aussi aux entreprises asiatiques ou européennes qui utilisent des technologies américaines. C’est en particulier le cas de TSMC, le fondeur taïwanais, leader incontesté sur la production des puces les plus avancées. L’an passé, le groupe avait déjà suspendu la fabrication des GPU de Biren, qui dépassaient les seuils fixés par la Maison blanche – qui ont depuis été abaissés. Désormais, la start-up ne pourra même pas faire produire des composants moins puissants, sauf très improbable feu vert américain.

Impact seulement temporaire ? – Leur placement sur la liste noire de Washington, sur laquelle figure déjà Huawei, va compliquer d’autres tâches pour Biren et Moore Threads. Par exemple, le design de leurs GPU alors que les principaux outils sont édités par des groupes américains. De quoi rassurer Nvidia ? Depuis des mois, la société de Santa Clara ne cesse de clamer que les restrictions d’exportation vont se traduire par une accélération des efforts chinois pour développer des puces rivales, capables de gagner des parts de marché en dehors de leurs frontières. L’impact des sanctions pourrait ainsi n’être que temporaire, alors que le fondeur chinois SMIC commence à maîtriser la gravure en 7 nm. Et que Huawei développe ses propres logiciels de design et travaille sur des machines de photolithographie.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis interdisent à Nvidia d’exporter ses GPU vers la Chine
– Comment Huawei a pris sa revanche sur les États-Unis


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité