Moins tape-à-l’œil que les géants américains mais aussi que son rival français Scaleway, qui multiplient les effets d’annonce, OVHcloud souhaite aussi occuper le terrain de l’intelligence artificielle générative. Mardi, lors de sa conférence annuelle Summit, organisée à Paris, le spécialiste du cloud a ainsi présenté deux nouvelles fonctionnalités devant permettre à ses clients de profiter des avancées de l’IA “sans avoir besoin de connaissances spécifiques”, selon son fondateur et président Octave Klaba. En retard au décollage, le groupe de Roubaix compte désormais capitaliser sur le prochain déploiement dans ses data centers des cartes graphiques H100 de Nvidia, la référence du secteur, en particulier pour entraîner les modèles les plus puissants. Mais il n’anticipe pas pour autant une accélération de sa croissance.
Ralentissement – Un peu plus de deux ans après son introduction en Bourse, OVH ne parvient pas à passer à la vitesse supérieure. Au cours de son dernier exercice fiscal, clos fin août, son chiffre d’affaires n’a progressé que de 13%. Il devrait augmenter plus légèrement cette année. La société est touchée par un ralentissement de la croissance du marché, alors que les entreprises sont plus vigilantes sur leurs dépenses, en raison du contexte macroéconomique. La progression de ses ventes a ainsi été divisée par plus de deux sur le segment du cloud public. Dans le même temps, ses marges ne cessent de se détériorer. Elles sont tombées à 36,3%, contre 39% l’année précédente. Encore loin des 42% promis aux investisseurs. En outre, OVH reste déficitaire. Conséquence: son action a perdu plus de la moitié de sa valeur.
Géants américains – Ses dirigeants se veulent cependant confiants. “Nous sommes au milieu d’un cycle de cinq ans (lancé en 2021, ndlr), souligne Octave Klaba. Les trois premières années sont consacrées à l’investissement. Les résultats se matérialiseront au cours de la quatrième”. Et d’assurer que “le cours boursier n’influence pas la stratégie”. Pour OVH, l’objectif est d’abord de développer une offre de services couvrant les besoins des entreprises dans le cloud. Et ainsi éviter qu’elles ne rejoignent les géants américains. La société assure désormais être compétitive, mettant en avant les grands groupes qui choisissent son offre et ses milliers de clients aux États-Unis. Des arguments qui ont du mal à résonner: selon le cabinet Synergy, les acteurs américains ne cessent de gagner des parts de marché en Europe.
Expansion internationale – OVH parie aussi sur le développement du cloud souverain, qui garantit que les données des entreprises soient placées à l’abri de la législation américaine. En France, le groupe revendique ainsi plus de 80 clients à son offre certifiée SecNumCloud, avant tout destinée aux administrations et aux sociétés qui détiennent des informations sensibles. Autre axe de développement: l’international, qui représente désormais la moitié de son chiffre d’affaires. OVH prévoit ainsi d’ouvrir sept nouveaux data centers en 2024. Et surtout de déployer 150 “zones locales” au cours des trois prochaines années, dans les pays où il n’a pas encore implanté d’infrastructures. “Cela va nous permettre de tester de nouveaux marchés”, indique Octave Klaba, avant éventuellement d’y investir plus fortement.
Pour aller plus loin:
– Le fondateur d’OVH veut racheter le moteur de recherche Qwant
– Xavier Niel lance Kyutai, un laboratoire d’IA à but non lucratif