Par , publié le 11 avril 2023

Dix ans après son lancement, Qwant n’est pas devenu le Google français. Pas même une entreprise pérenne. En proie à des difficultés financières récurrentes, le moteur de recherche a peut-être trouvé un sauveur: Octave Klaba, le fondateur d’OVHcloud, entré mardi en négociations exclusives en vue d’un rachat. Cette opération sera menée par une nouvelle entité baptisée Synfonium, qui sera détenue à 75% par l’entrepreneur et son frère, et à 25% par la Caisse des Dépôts, le premier actionnaire de Qwant. Son objectif: lancer une plateforme souveraine de services numériques, avec l’espoir de représenter une alternative crédible aux solutions des géants américains Microsoft et Google.

0,6% du marché – Lancé en 2013, Qwant n’a jamais été un concurrent direct de Google, se battant plutôt avec les autres moteurs alternatifs pour grappiller une proportion infime des recherches. En France, où son service est installé par défaut sur les ordinateurs de l’administration, sa part de marché culmine à… 0,6%, selon les estimations de Statcounter. Qwant misait sur deux cartes. D’abord, celle de la souveraineté numérique – même si la majorité des résultats et publicités sont fournis par Bing de Microsoft. Ensuite, la protection des données personnelles. Deux arguments qui n’ont pas suffi pour convaincre le grand public de changer ses habitudes. D’autant plus que l’expérience reste très loin de celle proposée par Google: moins de résultats pertinents, moins de services, moins de personnalisation…

Pertes – L’entreprise est aussi un gouffre financier, maintenu à flots par les fonds de la Caisse des Dépôts et de la Banque européenne d’investissement (BEI). Puis, par un apport de 8 millions d’euros de Huawei en juin 2021. Dans la foulée, une nouvelle direction avait été nommée avec l’objectif d’assainir les comptes. La situation financière reste bancale. Et bien loin des ambitions. En 2018, Eric Leandri, le fondateur, depuis poussé vers la sortie, promettait d’atteindre un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Mais l’an passé, les recettes ne se sont élevées qu’à 11,9 millions. La société avait aussi promis de se rapprocher de l’équilibre en 2021, mais elle a accusé un déficit, certes en baisse, de 9,1 millions. L’an passé, Qwant aurait ainsi évité le dépôt de bilan grâce à un rééchelonnement de ses remboursements à la BEI.

Brique supplémentaire – Dans un premier temps, Synfonium intégrera uniquement les services de Shadow, le pionnier du cloud gaming repris en 2021 par Octave Klaba à la barre du tribunal de commerce de Paris. Depuis, la société a recentré son activité à destination des entreprises, leur proposant de louer des PC puissants dans le cloud. Elle a aussi lancé une offre de stockage en ligne. Si elle est finalisée, l’acquisition de Qwant représenterait une brique supplémentaire pour bâtir l’alternative européenne promise il y a deux ans par le fondateur d’OVH. D’autres services, comme des outils de visioconférence suivront. Synfonium explique vouloir grandir “par l’intermédiaire d’une combinaison” de développements internes, d’acquisitions et de partenariats “avec des entreprises qui partagent sa vision”.

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