Par , publié le 15 janvier 2024

En attendant de remporter sa bataille judiciaire contre le fabricant américain d’appareils médicaux Masimo, qui l’accuse de violation de brevets, Apple s’apprête à le court-circuiter. Aux États-Unis, le groupe à la pomme va désactiver, sauf jugement favorable ces prochains jours, la fonctionnalité de sa montre Watch permettant de mesurer le niveau d’oxygène dans le sang, au cœur de la procédure lancée par son opposant. Ce tour de passe-passe va ainsi lui permettre d’obtenir la levée de l’interdiction d’importation et de commercialisation de son appareil, entrée en vigueur juste après Noël puis temporairement suspendue quelques jours plus tard par la justice. De quoi lui octroyer un délai supplémentaire pour trouver une solution à plus long terme, sans interrompre ses ventes. Mais en perdant un argument marketing.

Ingénieurs débauchés – Le conflit entre les deux entreprises a débuté avant même le lancement d’un oxymètre sur l’Apple Watch en 2020. Masimo reproche au géant de Cupertino d’avoir débauché plusieurs de ses ingénieurs, puis d’avoir enfreint sa propriété intellectuelle en utilisant sa méthode pour mesurer le taux d’oxygène. En mai dernier, la société avait réclamé plus de 3 milliards de dollars de réparations devant un tribunal californien. Mais le jury n’avait pas réussi à se mettre d’accord sur un verdict. L’affaire pourrait donc être rejugée. Fin octobre, Masimo avait, en revanche, obtenu gain de cause devant l’International Trade Commission, une agence américaine chargée de trancher les litiges sur les brevets. La Maison blanche avait ensuite refusé d’utiliser son droit de veto sur cette décision.

Pas d’accord à l’amiable ? – Selon l’ITC, l’Apple Watch viole bien deux brevets détenus par Masimo. De quoi justifier une interdiction à la vente. Celle-ci a commencé le 25 décembre. Un moindre mal pour Apple: ses montres sont restées disponibles pour les achats de Noël, une période cruciale pour les ventes d’appareils électroniques. À l’inverse, le début d’année représente une période creuse. Reste que le groupe devait trouver une solution pour sortir de cette interdiction, alors que ses dirigeants ne semblent pas privilégier un accord à l’amiable avec le fabricant d’appareils médicaux. Apple se heurtait à un double problème. D’une part, une modification logicielle, pour mesurer différemment le niveau l’oxygène, aurait pu être retoquée. D’autre part, une modification matérielle aurait pris plusieurs mois.

Impact limité – En retirant l’oxymètre de sa montre, Apple a choisi de ne pas prendre de risques, lui permettant ainsi de limiter considérablement l’impact du jugement de l’ITC. Si elle s’inscrit dans un positionnement axé sur le bien-être, la fonctionnalité n’est en effet pas la première motivation d’achat pour l’immense majorité des consommateurs. Ses ingénieurs vont désormais pouvoir travailler, sans grande pression, sur une alternative. Si celle-ci est logicielle, elle pourra être déployée sur tous les exemplaires vendus ces prochaines semaines. Si celle-ci est matérielle, la société pourrait même décider d’attendre le lancement de la prochaine version de la Watch, très probablement à l’automne. Apple espère toujours obtenir gain de cause sur le terrain auprès de l’ITC, devant lequel il vient de faire appel.

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